La première fois que j'ai voulu le prendre dans mes mes bras,il tenait dans ma main,un minuscule bébé de 1,2 kg,je garde en mémoire de façon forte,ce petit bout de vie logée dans ma "pogne" ,depuis ce 16 septembre 1981,justin est devenu un homme,mais aussi ,comme un membre de ma famille.
Nicolas devait être un de ses meilleurs amis pour ne pas dire le meilleur et Benjamin a été longtemps son complice avant qu'une aventure féminine ne les sépare,il était a la maison chez lui,et je me permettais tout a son égard comme avec mes enfants
c'était un vrai gaulois,buveur,ripailleur,joyeux,paillard,gueulard,vindicatif de mauvaise foi,un coeur énorme et une blessure étonnante au fond de lui-même.
Il était avec nous au mexique,chaque année, il convoyait les animaux avec nicolas vers le sud,il avait fait le voyage pour fêter mon anniversaire sur le bord du mékong,et il faisait partie des deux ou trois personnes sur cette terre où le nom me venait a l'esprit, quand j'avais un problème.
Justin avait menacé de se pendre a une des pelles qui devaient défoncer sa pature a pivot.
Il n'avait pas supporté cette machine a broyer qui allait lui voler ses terres et cette administration qui ne comprenait pas ses problèmes de jeune exploitant agricole,il souffrait des bêtes qu'on lui libérait dans ses près,de ce mur d'un "monde" plus cultivé,plus diplomé qui le traitait avec mépris.
Que tous ceux qui lui voulaient du mal se réjouissent,là où il est il ne les renverra plus a leur médiocrité
A force de ne pas avoir la sensation de se sentir aimé, ni par une femme,ni par le monde qui l'entourait,justin ,hier soir ,a saisi la corde accrochée au plafond et s'est pendu.
il a tiré une corde du ciel et s'y est accroché par le cou en espérant atteindre la paix.
L'homme qui était né prématurement, est mort prématurément .
Cette matinée a assister au balai des gendarmes,de la police scientifique, du samu, des pompiers restera gravée en moi.
Petit bonhomme, petit salaud qui nous lache juste pour nous faire dire qu'on l'aimait,juste pour nous faire mesurer la cruauté de son absence,juste pour nous inviter a être encore plus attentifs a l'autre.
Petit bonhomme que j'aimais, et qui avait la terre a ses pieds ,qui ne le savait pas et qui s'est accroché au ciel pour ne plus la toucher