La première fois que j'ai découvert cette cote ,j'avais seize ans,cousteau venait a peine de révéler au monde la fosse de Cozumel,
les G20,G8 et autres rencontres internationales n'avaient pas encore posé leur doigt divin pour y creer la "défense" sur mer appelée Cancun,
pas de routes ,des pistes,pas d'hotels des palapas en paille et roseaux séchés où nous dormions dans des hamacs malgré les rodeurs attirés par l'odeur des gringos
depuis presque 40 ans,je ne cesse de revenir, même si la civilisation grignote de facon boulimique les plages ,la jungle ,elle n'est pas près d'être digérée.
Ce séjour est chargé d'émotions pour des raisons qui nous appartiennent ,j'avais besoin, nous avions besoin, de nous retrouver en tribu,avec mes fils qui ont connu ces rives a tous les ages et qui les abordent aujourdhui en adultes avec femmes et pour nicolas enfants,
un passage de témoin,un partage de vécu,un pays où le temps n'est pas le même
nous sommes en pays maya,là où les rivières ne coulent pas la surface du sol ,mais forment un incroyable réseau souterrains de "cenotes " ,là où le calendrier des sages nous dit que dans 52 jours ,ce n'est pas la fin du monde mais que nous changeons de cycle,là,où ,comme nous, ce soir tout le pays va fêter joyeusement les morts
car la fête des morts ,ici ,c'est la fête de la vie ,de l'energie ,de l'espoir ,de la renaissance
je voulais vous parler des tortues si symboliques qui viennent pondre sur ces rivages,monstres centenaires parfois,malhabiles et fragiles sur le sable qui viennent déposer leurs oeufs ,espoirs d'avenir,dans la nuit ,après avoir travaillé comme des brutes pour leur faire le meilleur nid et qui repartent épuisées vers la mer
de ces urnes de vie ,il sort ,des miracles de la nature ,affolées et attirées par l'eau comme des aimants ,proie de tous les prédateurs mouettes,pelicans ,et autres et d'une partie d'humains aussi rapaces
alors quand d'autres en ramasse un plein panier pour le mettre a la merce sont des promesses de vie tenues
a peine a la mer ,ils partent dans une course folle,pour quelques instants ou pour une vie centenaire
n'estce pas s'offrir une part d'éternité que de renvoyer ces "bouteilles" a la mer ?
de fait cela procure une joie particulière et rare que de les voir filer,puis de croiser ces immenses vaisseaux ,preuves que certaines ont échappé aux prédateurs ,aux sacs en plastiques où elles s'étouffent, aux filets et autres périls
il y a une petite tortue qui avance en crabe auquel nous allons veiller très forts ,tous et avec beaucoup d'amour et qui regarde cela avce des yeux immenses a faire fondre la calotte glacière