Arriver ici se mérite une forme Iliade ,une succession de moyens transports, un avion /autobus qui dépose son contingent de voyageurs et en charge d’autres dans la nuit et la pluie tropicale, des noms qui succèdent qui sont autant de rappels a nos mémoires des récits des explorateurs et des conquistadors : manaus,san luis potosi, Belém….je me souviens cette émission que nous avions réalisé avec maurice bitter sur radio France internationale quand j’étais adolescent sur la richesse des producteurs de latex brésiliens et la perfidie des anglais qui leur avaient volé les graines pour aller développer d’abord au sri lanka, cette culture, un choc dont les brésiliens ne se remettent pas et pour lequel ils gardent une rancune tenace a l’égard de tout ce qui est britannique
Santarem au matin, c’est une aigrette, un héron, que sais je, qui nous observe, énigmatique, magique qu’elle soit sur l’amazone, le nil ou sur tout fleuve sacré, c’est un couple de brésiliens qui a huit heures du matin, n’a pas terminé sa nuit et soigne sa fièvre du samedi soir par une dernière danse amoureuse sur les quais
Santarem c’est un marché aux poissons magnifique, le premier de mes déambulations de par le monde qui sente bon, sans mouches et sans miasmes, ce sont les mareyeurs qui envoient les déchets aux dauphins…. roses qui ne sont pas sortis de notre imagination mais qui ont du surprendre les premiers européens au point de les confondre avec des sirènes, la légende de l’amazone dit d’ailleurs que les dauphins roses entrainent les jeunes femmes au fond du fleuve
Marché aux légumes avec une profusion généreuse de fruits hypertrophiés par l’eau ,le soleil et la richesse des alluvions, au point que les avocats que nous consommons en europe, seraient des œufs de cailles comparés a ceux des poules
Arrêt sur l’éventaire des marchands de potions, la jungle offre sa pharmacopée : comment résister a acheter un peu de graisse d’anaconda réputée cicatrisante et désinfectante ?
comment ne pas penser que les cabines téléphoniques locales nous rappellent a l'ordre et qu'auc téléphone nous sommes bavards et nous nous nous répétons ?
En début d’après midi, nous larguons les amarres, dans cette atmosphère particulière qui vous partage en douce torpeur et l’irrésistible envie de tout voir et de gouter aux paysages,
c’est la saison des pluies, le niveau des eaux est plus haut, les troupeaux en sont quittes pour de la balnéothérapie forcée, paysage immémoriaux ou la trace des hommes est comme celle de l’étrave de notre bateau, s’efface de la puissance du fleuve,
ce soir nous jeterons l’ancre au milieu de nulle part,et étrangement ailleurs ,en France et partout la terre continuera de tourner comme un monde parallèle comme si pour des instants ,des instants seulement, nous avions quitté un monde pour rejoindre une ile flottante dégagée de ces petites choses médiocres et attristantes qui masquent la lumière