Nous étions bien nombreux ce matin,pour un au revoir a jean guittet,beaucoup de ses amis, mais ,a bien y réfléchir ,je ne lui connaissais pas d'ennemi
encore une fois l'émotion submerge ,c'est le prix a payer de la sincérité,voici les quelques mots que j'ai essayé de prononcer :
Merci a la famille de jean de me faire cet honneur en me demandant de dire un mot
Oui, les cimetières peuvent être peuplés de vrais indispensables,
oui, aujourd’hui, nous perdons un indispensable, depuis que je sais que je vais dire ce mot, je retourne cela dans ma tête
On croise dans notre vie quelques humanistes, mais c’est rare , jean fait partie de ceux là,
un humaniste, c’est d’abord le regard qu’un homme pose sur la vie, la façon dont il l’appréhende,
jean posait ,pose, sur la vie un regard humble, admiratif, amoureux
,un humaniste même s’il a ses domaines de prédilection, a une approche globale de ce qu’il voit et chacun de nous portons bien des souvenirs partagés de sa capacité a se pencher sur autre chose que cette merveille de petite mousse qui pousse entre les deux pierres d’un vieux mur ou mieux d’un bloc de béton en plein centre ville,jean avait un appétit gourmand et discret de la vie
16 ans de balades communes pour explorer le patrimoine de communauté ,avec la sagesse de celui qui ne s’exprime que pour dire quelque chose ,avec son sourire malicieux du bon élève qui regardait le cancre que je suis avec envie et curiosité d’oser dire des bêtises ou d’en faire
Plus de 25 ans de combats pour baleine et brule doux, pour la vallée humide de gometz le châtel, pour tout notre territoire
ce pèlerin infatigable de nos vallons, de nos plaines, de nos sentes et de nos ruelles, avait troqué la coquille de saint jacques de Compostelle contre une loupe et un appareil numérique ses génuflexions venaient honorer la nature
Sa satisfaction que des communes de l’Essonne aient rejoint le parc naturel régional de la vallée de Chevreuse
Humaniste parce qu’il nous montrait la richesse de la plante, la plus humble, la plus ignorée que nous allions piétiner nonchalamment et que son regard posé sur nous nous faisait sentir qu’il avait le même regard pour les êtres humains, tolérant ,disponible et sans préjugés d’aucune sorte,
Humaniste car il n’a jamais piétiné qui que ce soit, qu’il a cherché en nous le meilleur de nous même et que sa personnalité nous imposait d’essayer de l’être
Il n’est qu’a observer le regard de ses anciens élèves, des professionnels de la botanique, des amoureux de la nature qui l’ont connu, quand on prononce le nom de jean guittet pour comprendre la tendresse, le respect l’admiration simples qu’il a inspiré
dire « jean guittet « a toujours été sésame, si jean cautionnait une démarche ou y participait plus personne ne discutait
Et cette impérieuse nécessité, irrépressible, de transmettre, lui qui aimait les plantes pour ce qu’elles nous racontaient, avait la passion de semer, chaque personne rencontrée était a ses yeux un terreau où il essayait de déposer une graine, non pas de folie mais de connaissance, avec cette certitude que sur le nombre, certaines prospéreraient que la folie des hommes a bétonner serait pondérée par l’armée des petites graines qu’il avait semé,
Aussi respectueux, concentré et attentif a expliquer a un enfant de cp qu’a un diplômé ou même a un élu …c’est dire son courage et sa force de conviction
Jean s’en va vers d’autres prairies, mais a semé des petits cailloux pour que nous le retrouvions au bord des chemins, la bible végétale de l’Essonne et tout ce qu’il a écrit sont ses rappels a l’ordre et a la mémoire tendres et précis qui lui confèrent une forme d’immortalité
Jean tu vas me manquer, tu vas nous manquer dans tous les compartiments du jeu, car ta force tranquille, ta sagesse, ton émerveillement a la vie nous étaient nécessaires,
tu peux compter sur moi, pour entretenir le champ a maurice ,dans quelques jours nous allons acheter le champ aux serapia comme cela ,a janvry tu auras aussi ton champ a toi ,
c’est bien le moins que nous puissions faire, puisque voilà un botaniste qui n’a pas voulu de fleurs a son enterrement
Alors pour t’embêter une dernière fois, pour essayer de te faire sortir de ta boite de rage, je suis allé cueillir une orchidée pour toi dans le champ a maurice soit tu protestes et tu sors tout de suite, soit tu l’apportes a maurice, vous avez tellement de choses a vous raconter
salut l’ami et essaye de convaincre le bon dieu qu’il arrête de déconner avec la planète, toi, il sera forcé de t’écouter