Voilà des jours que je ne veux pas aller voir,pas avoir la sensation d'être voyeur,et puis ,hier,j'ai garé ma voiture au bord de ce pont en plein coeur du village.un pont franchi mille fois,en oubliant que c'en était un, tellement la "rivière" qui coulait en dessous était insignifiante,tellement il était inutile.
,la florieye n'avait pas coulé pendant plus de 8 ans et depuis deux ans,le petit filet d'eau ressemblait a un exploit de la nature a une ultime larme pour témoigner d'une existence desséchée.
Hier,la balafre crée par la rivière réveillée, comme un volcan endormi, était pétrifiante,elle réveille ,la aussi,notre instinct primaire,notre mémoire collective d'une époque où l'homme savait qu'il ne dominait pas la nature.
Ce spectacle inspire une terreur ancestrale,celle qui nous agite parfois les jours de gros orages lorsque le tonnerre dépasse certaines limites et que tout tremble,ces instants où l'on mesure physiquement qu'il y a plus fort que nous,que nous sommes des fourmis balayées par le jet d'eau du jardinier.
l'eau a tout chassé,tout creusé sur une largeur terrible,trois maisons ont été rayées de la carte,la voie de tgv bousculée des vignes emportées,seule subsiste une "autoroute" creusée profondément dans la terre qui laisse une marque de boue jaunâtre bordée d'arbres de troncs,de branches déchiquetés.une sorte de bitume argileux qui craquele au soleil de juilllet.
Il y a deux mois ce lieu était un vallon verdoyant et l'on se surprend a chercher des repaires,mais où était la route ,,le gué ? les maisons ? On croise des gens a pied avec ce regard stupéfait sculpté par l'incompréhension teintée d'une crainte animale.
La question lancinante sera :comment vivre l'instant où la prochaine fois on entendra la pluie rafraîchir les tuiles ? A quel moment faudra t il tout quitter pour ne pas finir noyés ? Car ,ici, personne qui ne vous dise que le nombre de morts a été bien plus grand,que ,pour rassurer,que pour sauver la saison touristique on a volontairement menti.
Hier devant une limonade,un ami me disait "a la morgue de fréjus,il y avait 50 corps et Fréjus ce n'est qu'un lieu"
Elle court la rumeur entre les vignes, de ces prisonniers a draguignan qui n'auraient pas pu être évacués de la prison,de ces corps qu'on voyait flotter dans les rues...On dit que ,ici,dans le sud,tout s'exagère ,je crois que c'est a la hauteur de la peur ressentie.
Ce qui a tué et détruit plus que le reste ,c'est le phénomène des "vagues" et cela va vous rappeler quelque chose.
Ici,les gens de la terre ,ceux qui connaissent bien, disent que la rivière n'était pas entretenue,alors des barrages se sont formés,lorsque la pression a été folle ,ils ont cédé formant a chaque fois une vague déferlante,destructrice et meurtrière.
Ils le disent simplement :"il faut d'abord entretenir la rivière,pas seulement où cela coule,mais dégager largement ,pour que ,quand cela monte,cela n'emporte rien",Un tronc,une grosse branche,d'abord cela bouche et après cela part comme une balle et cela tue"
Il y aura certainement un bureau d'études pour proposer des travaux de protection très onéreux et de ne pas plonger dans la médiocrité de l'entretien de la rivière.
ce n'est pas digne de ces beaux messieurs. et puis comme a pivot, plus de 12% d'honoraires sur travaux,sur un, deux millions,ou trois millions d'euros de gros travaux,cela fait quelques centaines de milliers d'euros d'honoraires après les études,cela coule de...source !