Les lieux ont la couleur ,le parfum,la tessiture du regard que l'on porte sur eux,vous parlez de mon village,c'est replonger dans ces images brouillonnes et parfois brouillées de mon enfance et vous entrainer a découvrir le plus beau village du monde..ou presque
un village de contes et de faits
On dit qu'il y a un trésor au pied des arcs en ciel, je crois plutôt que c'est le chemin pour l'atteindre qui vous enrichit
Quand nous étions gosses ,nous pêchions dans les douves du chateau,des goujons,et quand la chance nous souriait ,une carpe, je crois qu'il n'y a plus de goujons... a savoir pourquoi.....
,j'ai encore dans mes neurones l'odeur de l'eau des douves, quand,au sortir de l'eau un poisson , elle se répandait sur les pierres plates et moussues des parapets sur lesquels nous étions appuyés avec nos bouts de canne
,je peux vous dire les fougères accrochés aux pierres,les trois grenouilles coté chateau et les heures passées loin de toute console nintendo.
Il y avait a l'époque trois "bistrots" sur la place ,chez "christiane" qui faisait aussi épicerie et qui vendait du mauvais beurre au prix du caviar,chez "jeannine" et chez "madame cousset" là ou demeure encore "la bonne franquette",c'est chez jeannine que l'on pouvait acheter des hamecons et du fil,chez madame cousset,c'était le "lieu" pour s'offrir un diabolo menthe, les jours de fête.
C'était aussi, a l'époque, la cabine téléphonique du village,il fallait activer une sorte de languette sur le téléphone en ébonite et dire "ici le 1 tout seul a janvry" a l'opératrice,
c''était aussi là, que le cinema ambulant venait s'installer, au fond du café, et faire ses projections.
nous les gamins, depuis le bord des douves ,nous avions un observatoire magnifique pour surveiller le va et vient ,chaque bistrot ayant ses fidéles piliers de comptoir,chez "christiane" ,c'était plutôt les chasseurs,chez jeannine ,les rois de la "gitane maïs", sauf que, seule jeannine vendait de l'essence et des cigarettes,enfin l'essence pas longtemps,il y avait sur le comptoir dans une sorte vitrine une balance pour peser le tabac a priser ou a rouler ,je ne sais,et un présentoir avec des cartes postales sans age,le comptoir est désormais propriété de la commune et l'on s'appuie dessus sans le regarder au "foyer des bois" et dieu sait si il en a vu passer des "petits" jaunes,"petits"blancs et autres "petits" coups dont l'appellation "petit" pêrmet d'en appeller un autre et ainsi de suite s...Ces douves ont été le témoin de nos premiers émois,la fille du garde champêtre était une véritable beauté dans nos yeux d'adolescents,et habitait presqu'en face.
Comment aurais je imaginé ma vie future a cette époque ? Pourtant la seule certitude pour moi était qu'elle se ferait ici et nulle part ailleurs
Une des premières personnes que j'ai recue dans mon bureau,devenu maire a 34 ans,m'a dit qu'est-ce que ce village d'attardés,il ne se passe rien ,il n'y a même pas une épicerie,elle n'avait pas les yeux de l'amour...alors aujourdhui, je vous invite a cette promenade, a la fois dans le temps et dans le quotidien de ce petit village, qui transforme avec une facilité déconcertante les rêves en réalité
Dans un des spectacles de janvry,il est écrit : ,il arrive parfois la nuit ,où le passant attentif pourra entendre dans les rues de janvry,le bruit des sabots d'une licorne et de son petit...marchez la nuit dans les rues doucement éclairées de ce village et vous les entendrez peut être
car ,dans ce village,légende et réalité se mêlent,folie et grand sérieux font bon ménage,village d'artistes puisque l'ancêtre de Celine Dion est enterré dans notre église du mont carmel,parvis de l'église qui a vu Fabrice Lucchini faire ses premiers pas d'acteur amateur,sans parler de Gérard philippe que nous voyons déambuler solitaire et intériorisé dans le parc de la "chanson" au lendemain d'avoir tourné "fanfan la tulipe",ou vincent lindon qui venait chez son oncle a la brosse et avec qui on jouait au foot du temps où il était régisseur de la tournée de Coluche
Olivier de Kersauzon venu se marier dans notre petite mairie ,comme jean yves lafesse
parce qu'il n'est pas anodin de se marier dans notre mairie,c'est la maison commune ,mais si la mariée le demande ,il y a bien des véhicules qui peuvent la conduire devant monsieur le maire...
Dans ce village où la nuit on voit le pinceau de la tour eiffel,on peut croiser bien des choses,bien des animaux,comme au fond de l'aubrac mais en plus exotique.
IL y a une trentaine d'années,il y avait peu d'animaux a janvry,depuis la vie est revenue et c'est un spectacle souvent magique et magnifique
J'ai dans mon sang,dans ma mémoire affective, mille images d'éternité,ou l'on se murmure : c'est trop beau ,c'est pas croyable
Le meilleur de l'homme existe a chacun de nos pas,il est dans notre regard et dans le regard de l'autre
Mon village sans histoires,c'est a dire qu'il en avait plein, mais qu'elles ne faisaient que se chuchoter,s'est mis a en raconter,si fort, si bien,qu'ils viennent de toute la contrée, a la veillée, écouter ces magiciens du coeur
ils écrivent ainsi depuis presque trente ans, une fresque picaresque ,énergétique,alchimique
Parfois les fous furieux sont fatigués, mais avec le sentiment que le défi a été relevé et que la prochaine bataille aura ce gout indicible de bonheurs partagés
Ici,,on se sent résistant,on se sent gaulois,comme s'il y avait un courant d'air a préjugés ,alors on est parti en roumanie comme aucune commune ne l'a fait ,en corps expéditionnaire et puis aujourdhui ce sont d'autres qui nous touchent,tous ceux a qui l'on blesse la liberté,l'égalité ,la fraternité
car, dans mon village ,je me sens gaulois,bien sur, vercingétorix a été vaincu mais il bouillonne encore dans nos veines et l'autodérision est notre pôtion magique
Dans une tribu gauloise ,les enfants prennent toute leur place,ce sont mes "monstres"
a leur naissance ,on leur plante leur arbre fruitier avec leur nom,tous les deux prennent ainsi racines et produisent d'abondance
dans ce village d'ile de france ,a la saison vous trouverez plus de cent cinquante arbres fruitiers,cueillez une pomme,elle est pour vous, mais ne venez pas récolter ,pensez au pelerin qui est dans vos pas
les fruits nourrissent les hommes,mais aussi les oiseaux,les rongeurs qui nourrissent les chouettes qui,du coup sont revenues, comme les écureuils, fréquenter le village,et puis, a la fin septembre ,on sort avec les enfants de l'école,on récolte les pommes et on les presse ,histoire de découvrir que le jus de pomme cela ne vient pas des tétrapak de carrefour, mais des pommiers des enfants
et la cavalcade joyeuse avec le petit train pour aller vendre en porte a porte le produit du travail
il y a une école heureuse,que ,parfois,les "grands" ne mesurent pas ,les enfants s'y tricotent des souvenirs d'adultes,ils se souviendront de leur poullailler,certains des autruches,des moutons,de cagnotte le cochon et de tous ces animaux qui étaient dans la cour,pêut être même de "papa monstre" qui traversait la cour et qui perturbait ,un instant ,le cours.
En septembre,j'y vois des enfants piaffer pour rentrer en classe,c'est formidable et toutes les épreuves passées ,présentes et a venir pour que notre petite école demeure n'ont pas de prix par rapport a cela
A l'instant,je vous décrivais ces artistes connus qui sont passés mais comment oublier ces instants si forts avec des gens dont personne n'a mesuré la notoriété et qui nous ont fait et nous font le plaisir d'honorer nos murs,je n'oublierai jamais le passage de youn sun nah avec isabelle olivier ,un soir de magie au "bar de la plage"
comment oublier isabelle au milieu d'un feu d'artifice dément en train de jouer de la harpe a sept mètres de hauteur nichée dans la pelle d'un bulldozer ?
comment oublier Venus Khoury ghata , et tous ces merveilleux créateurs que claude convainc de venir s'asseoir sur la paille de notre grange ?
il est des moments qui frappent l'imagination et dans ce village,cher visteur,ils sont nombreux ,comme si la magie y repoussait les limites du possible
le promeneur intrigué a pu découvrir ce panneau ,il y a trois ans ,depuis il est rentré dans les moeurs,et pourtant c'est ,certainement le tour de force le plus difficile que ces gaulois ont réussi en créant une station de ski éphémère
a me lire,on pourrait penser que ce ne sont que fêtes,spectacles et divertissements,mais ne vous y trompez pas,le reste suit ou plutôt ce qui est juste et normal est fait, sans que l'on s'en étonne,l'école,la petite ferme, les routes sont entretenues comme il se doit,et si les impots n'ont pas augmenté depuis 23 ans ,ce doit être la magie locale qui opére
car notre village s'équipe ,comme notre gite 'coté coeur',cette tirelire savoyarde qui nous laisse "hors du temps' dès que l'on y a pénétré et qui accueille ,désormais ,des touristes du monde entier,mais aussi sert de refuge quand dans une commune voisine des familles sont victimes d'un incendie.
Un bel investissement communal qui pourrait être suivi d'un autre, mais celui là dans les arbres du parc animalier
Voilà pourquoi,ici l'hiver n'est pas triste,juste parce qu'il est beau ,que l'air y est étonnant,que le son est différent,la lumière magique,que la neige lisse les imperfections et que l'on entend mieux les rires d'enfants
une photo non travaillée au soleil couchant
les daims ont disparu,ils vont bientôt revenir
le clocher ,depuis des décennies avait perdu son coq,le voilà revenu c'est dire si le bestiaire se complète !
l'envie de partager dans cette déclaration d'amour a mon village,que vous devez trop longue,des images comme celle de ce petit bonhomme qui ,a désormais grandi mais qui a chaque cérémonie au monument aux morts me fait craquer
comment ne pas vous parler de cette "table des gaulois" qui nous réunit chaque samedi soir sur les tables taillées dans les chênes tombés pendant la tempête de 99,gérée par le comité des fêtes ,elle permet a chacun de diner magiquement pour 12 euros,sans enjeu ,ni protocole, dans une atmosphère chaleureuse,la table du village ouverte a tous ceux qui ont retrouvé au fond d'eux mêmes ce gêne pour les choses vraies
on y cuit au four a pain, que nous avons restauré, des pommes de terre au lard qui sont comme confites et qui me déclenchent rien qu'en parlant, les glandes salivaires !
car c'est un village qui rotit un agneau ou un cochon par semaine mais qui n'hésite pas ,s'il le faut, a cuire un boeuf entier !
les connaisseurs constateront qu'a chaque fois qu'il y a a manger francis n'est pas loin....
Comment passer sous silence le marché de noel qui ,avec ses 70000 visiteurs annuels, est a la fois un succès ,une épreuve,et une source de revenus qui finance les animaux et bien d'autres choses encore.
ce qui importe dans ce marché ,c'est que ce n'est pas un marché ,c'est une rencontre,que nos visiteurs retrouvent ,eux aussi ,des fondamentaux,des plaisirs simples.depuis les créches a l"eglise où les regards se transforment, rajeunissent comme si l'ame s'ouvrait comme une fleur au lever du soleil,jusqu'a l'arrivée du père noel où je vois de grands adultes les larmes aux yeux,je me dis que ,seul cela compte
le père noel est éternel,sous cette lourde cape rouge,certains pourraient deviner les noms de ceux qui s'y succédent,mais je peux vous dire que l'habit fait le moine, et qu'une fois endossée la tenue de l'homme rouge ,il y a une bouffée d'amour qui vous envahit et l'immense envie de le partager
Janvry,c'est aussi le "bar de la plage" et pour la personne non avertie qui découvre notre modeste village,c'est une curiosité de voir en hiver des gens traverser la place avec luges et skis, alors que tout est vert autour,mais c'est aussi curieux de voir déambuler des gens en maillots de bains et serviettes éponges,place de l'eglise nen plein été,car bien avant paris plage,janvry plage est né et demeure l'institution de l'été avec ses 70 tonnes de sable,ses palmiers ,ses oliviers ,ses transats ,parasols et sa piscine,ses barbecues sur la plage et ses spectacles d'été
au soleil couchant ,il fait bon y déguster un verre avec la certitude qu'on y retrouvera forcément quelqu'un, pendant que les enfants s'attardent dans l'eau
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janvry c'est aussi le lieu des rencontres et des visions improbables,tout ce qui y bouge n'est pas forcément classique
c'est certainement un des rares villages de france où l'on ne se retourne pas quand monsieur le maire traverse la place avec un dromadaire dans une main et lama dans l'autre
a propos de la place,il y a plus de cent ans,au centre ,il y avait une batisse avec le puits qui alimentait le village,on dit qu'on savait qu'il y allait avoir de l'orage quand il "sifflait" ,du fait du changement de pression,quand nous avons pensé mettre une fontaine,j'ai mal dormi pendant des nuits,trop petite ,elle serait ridicule,trop grande ,elle serait prétentieuse
le jour, où nous l'avons installée, a été un jour de fête,achevé les pieds dans le bassin vers les minuit,le plus beau compliment vint d'un brissois qui s'arrête et qui m'apostrophe pour me dire "vous avez bien fait de la nettoyer ,on la voyait plus" : elle était a sa place ,elle était chez elle !
j'aurais aimé vous parler de la vallée violette magnifique ,de ces vallons du coté de la brosse,de la source saint vandrille,des bonheurs qui réunissent et des malheurs qui soudent,de la tournée de pain éffectuée chaque jour depuis 18 ans !
je veux terminer par ces soirs d'été ou l'on se retrouve, où l'on se met aux fourneaux ,en guettant le regard de la première bouchée,
a ces instants là ,il n'est rare dans ce bien étrange village d'entendre les accords gais et parfois nostalgiques de quelques mariachis définitivement égarés dans le hurepoix
une sorte de feu d'artifice permanent pour tous ceux qui conservent leur capacité a s'emerveiller de la vie
a tout vous avouer ,quelque part la nuit ne tombe jamais complétement sur mon petit village,il y brule quelque part toujours une petite flamme de folie prête a allumer la mèche d'une nouvelle aventure, d'une nouvelle révolte d'un nouveau coup de foudre pour la vie