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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 10:06
il y a trente deux ans les janvryssois ont eu du culot ! enfin certains
il y a trente deux ans les janvryssois ont eu du culot ! enfin certains

Eh oui, c’est une date anniversaire, que ce mois de mars ,

il y a trente deux ans ,assis sur une table du foyer des bois ,je suivais dans mon jean en lambeaux le dépouillement des élections municipales …. Sincèrement « mes » électeurs ont eu du courage de me choisir ce jour là comme maire de Janvry 

Qu’avais-je donc imaginé en me présentant aux élections municipales, il y a trente-deux ans ?

certainement pas que cela remplirait une partie de ma vie,

certainement pas l’aventure humaine qui m’attendait et surtout pas de croire que cela durerait aussi longtemps

La première élection du premier mandat a été comment dire … passionnelle, hystérique et certainement que le destin veillait pour que je sois élu, puisque je « suis passé » à une voix, une toute petite voix …

 a l’élection du maire se fut aussi brutal, violent, odieux a mon égard,  le scrutin eut lieu comme si certains percevaient intuitivement, instinctivement que l’ordre établi allait basculer, et que collégialement une autre culture de la vie communale pouvait naitre

Je n’avais pas prévu, ni même envisagé de me présenter comme maire du village, il y avait des personnes avec de l’expérience, et puis moi, j’étais le brocanteur du village , le « théâtreux » ,le fils de l’ancienne maire ,avec des voitures un peu pourries ,des jeans troués, bref, pas du tout l’image du notable rassurant ,les circonstances ont fait que je me suis retrouvé en tête de liste ,un psychodrame local

C’est rigolo, rétrospectivement, trente-deux ans après, il a suffi d’une petite voix et souvent je me demande ce que serait notre village, aujourd’hui, si les « hobereaux » avaient gagné

Trente-deux ans d’aventures partagées, d’amitiés, de liens parfois très forts, parfois distendus,de fâcheries demeurées des blessures, mais toujours une culture d’être « acteurs plutôt que spectateurs », l’idée de ne pas se fixer de limites, d’aimer les chemins de traverses, de bannir les préjugés ou les a-priori

Je n’y connaissais rien, je n’avais jamais été élu, la seule chose qui était dans mon  adn était l’engagement ,j’avais vu toute mon enfance et mon  adolescence ma mère disponible « nuit et jour »,cela je le savais ,c’était a mes yeux , normal ,mais la comptabilité publique ,la rigidité administrative ,la lourdeur des procédures ont toujours été des boulets  a la créativité, mais aussi a l’intérêt public ,au bon sens et surtout a la nécessaire réactivité

il y a trente deux ans les janvryssois ont eu du culot ! enfin certains

Sans doute, cette inexpérience et mon éducation ont permis de ne pas tomber (trop) dans les caricatures qu’adoptent souvent de nouveaux élus, tout imprégnés de leur fonction, j’ai commis bien des erreurs et notamment la première année de ne pas tout simplement dire « je ne sais pas » lorsque l’on m’interrogeait sur un sujet dont j’ignorais tout

C’est grâce a tous ceux qui m’ont entouré, accompagné qui ont apporté leurs idées, leur savoir-faire que, peu a peu, les choses ont avancé et ont pris corps,

ne pas craindre ,oser ,risquer l’équilibre fragile des projets heureux comme des projets sérieux ,éviter les chausse trappes si nombreuses ,placer l’humain au centre

  ce qui peut paraitre comme des paillettes ,de la course au "toujours plus" ,aux yeux des frileux ou des jaloux  n'appelle qu'une seule réponse  : il faut être là présent ,jour après jour ,que chacun puisse constater qu'aussi pour les petites choses, les plus ingrates on est là sans faillir de nuit comme de jour 

mais oui ,j'ai envie que les yeux des enfants brillent ,que  leurs parents soient heureux d'élever  leurs enfants ici ,j'ai envie de provoquer l'émerveillement ,ce sentiment incroyable qui vous bouleverse de l'intérieur  

Je commence a me répéter, mais mes premiers souvenirs dans mon bureau là-haut a la mairie, ce furent cette dame m’expliquant que « nous étions un village de cons où il ne se passait jamais rien »,

Ces promoteurs m’expliquant qu’avec un vrai lotissement bien pensé, ce serait la dynamique du village (et mes indemnités) qui seraient relancés,

Cette association de protection de l’environnement qui voulait installer des nichoirs pour faire revenir les chouettes qui l’avaient déserté et moi de leur dire qu’il faudrait mieux qu’elles y trouvent leur pitance

Et puis ce secrétaire de mairie, vénérable instituteur a la blouse grise, sur qui tous les gens que j’inquiétais, basaient leur confiance, et moi aussi d’ailleurs, pour qui j’ai découvert qu’il détournait l’argent communal par brassées et qu’il a fallu « remercier » en moins de quarante-huit heures...

 nous laissant seuls a bord de ce Titanic administratif, ce qui m’a permis et obligé d’apprendre vite quelques arcanes administratives, mais aussi obligé a « vivre » a la mairie

Trente-deux ans, ce sont des conseillers municipaux que la vie a emporté dans la tombe et qui étaient des amarres, des amis qui se sont éloignés, pour d’autres qui sont arrivés, avec ce cap, ce phare, cette croyance que l’aventure humaine est possible pétrie de nos erreurs, de nos errements, de nos maladresses, mais jamais de compromissions

cette incroyable armée de bénévoles qui sortent de la brume le matin ou de la nuit en cas de pepin et qui font croire en la vie et en l'humanité qui me donnent la certitude que le chemin est bon 

Je ne croyais pas que je fêterai dix ans de mandat ,vingt ans étaient comme un sommet de l’everest ,les trente ans ont donné lieu a une fête mémorable et pétrie de tendresse

 un jour cela s’arrêtera, et je préfère que cela soit de mon fait, mais tant que la passion ,le plaisir me poussent hors du lit le matin pour me lancer dans la mêlée ,j’aurais la sensation de pouvoir servir

mais comme dirait un chanteur québécois  « il faudra bien en trouver un plus jeune, plus fou, pour faire danser les bougalous «   

  c’est difficile de tirer des bilans ,j’ai tellement souhaité que les habitants soient fiers de leur village ,fiers d’y habiter, mais surtout d’y vivre,

et puis peut être, cette sensation que ,lorsque l’on prononce le mot « Janvry » a l’extérieur ,c’est un sourire qui apparait, une remontée de souvenirs heureux associés a notre village et cela c’est un beau bilan

voilà aucune nostalgie dans ce blog ,et tellement d’appétits d’avenirs !

une chose est sure, un mandat ce n'est pas le pouvoir ,c'est celui de pouvoir faire et peut être aussi celui d'éviter les catastrophes irréversibles qui arrivent parfois masquées, mais j'y reviendrai 

il y a trente deux ans les janvryssois ont eu du culot ! enfin certains
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Published by Christian SCHOETTL