Hier,j'allais a un déjeuner qui compte du coté du coté de la rue de Vaugirard et comme je suis toujours en avance,je n'ai pas pu m'empêcher de pousser jusqu'a la rue monsieur le prince
un détour pour revoir la vitrine de la "librairiie du pacifique" ma seule école réelle,ma fenêtre d'adolescent sur le monde et sur les gens
le bleu écaillé de la facade est passé au noir gris,la librairie a du se transformer en salon de thé coréen avant d'être abandonnée,comme si une ame avait fui les lieux
impossible de résister d'aller appuyer sur le bouton qui était dissimulé sous les présentoirs a l'extérieur et qui permettait que maurice surgisse de son arrière boutique ,et que son visage bougon s'illumine d'un sourire et vous embrasse avec un "bonjour ,mon grand"
le bouton est toujours là,désormais muet et inutile,orphelin de tous ces visiteurs venus plonger dans les livres,les aventures picaresques et les discussions sans fin,
les milliers de passants dans vette petite rue, qui l'ignorent, ne savent pas a quel point,ce petit bouton a été la clé de bien des univers,et celle d'une librairie d'un juif iconoclaste sans enfant qui avait ,en quelque sorte, adopté une tribu.
Il m'avait dit ,lors d'une partie d'échecs,"pas d'enfants,pour que jamais ils ne risquent de vivre ce que j'ai vécu" ,je lui ai répondu "alors ils ont gagné",ses yeux bleus lagon, se sont figés et il a répondu "peut être".
j'aimerai avoir plusieurs vies,avoir le temps de reprendre ce lieu et d'y faire aimer les livres
comme dirait brel "mais il est tard monsieur...."