Le blog de Christian SCHOETTL

le désert est dans notre inconscient un symbole quasi mystique ,ce dépouillement ,ce silence ,cet infini ont toujours été inspirants jusqu'aux prophètes

alors grace  à ramzi,cette parenthèse nous a été offerte, un tour par le marché pour acheter ce qu'il faut depuis le chevreau a la boucherie ,les légumes,les fruits,des fraises (eh oui et pas de nouvelle zelande) des grenades ,des clementines,,de l'eau ,de l'huile d'olive ,de la semoule ,etc ....

Parcourir les échoppes choisir le fruits ,les legumes ,mes epices c’est anticiper le plaisir du partage,ce qu’aucun plat « tout préparé «  ne pourra jamais faire ressentir, charger dans la voiture ,les nattes ,un peu de bois du gros de celui que le désert ne peut pas t’offrir ,de l’eau bien sur , le couscoussier  historique ,oublier une louche et sur place se contenter d’une tasse

Et puis la piste ,les pistes qui se croisent ,illisibles sauf pour celui qui est né là et t’explique que le temps couvert le prive des étoiles , les puits qui se suivent ,enfin une dune plus propice pour se protéger du vent ,en cette fin décembre ,le froid est là dès que le soleil disparait

On part glaner des branchettes ,du petit bois mort, blanchi par le soleil ,on devine dans le sable des traces de dromadaires ,de fennec ,de scarabées ,on croise la cruauté et la violence de fourmis a l’égard d’une congénère d une autre tribu, seul bémol ,quelques hordes de barbares en quads venant faire vrombir leurs engins ,injures a la beauté et la sérénité des lieux,comme un type qui roterait et peterait dans une eglise ,une forme de sacrilège

Ramzi est a la manœuvre ,il épluche ,coupe  ,hache il peste d’avoir oublié l’ail , tandis que l’on nourrit le feu naissant, la viande et le légumes ont disparu dans la marmite et la semoule domine le tout et cuit a la vapeur ,bientôt il n’y a plus que les flammes pour nous éclairer et le bruit du bouillon qui chante dans la casserole

Instants magiques, le désert c’est le cimetière de toutes les vanités, comme si inscrit dans notre adn, ,nous étions dans des sensations primales tandis que la lumière des flammes danse sur le visage des autres et fait briller les yeux, on parle, on rit ,on se tait ,on goute l’instant précieux

What else comme dirait l’autre ?

C’est prêt ! un plat commun chacun sa cuillère et on plonge dans une saveur particulière ,celle de ces moments qui pourraient se répéter mais qui ne seront jamais les mêmes ,épaules contre épaule autour du plat ,c’est un partage des sens et des sensations

Au très loin un âne braie comme pour rappeler que le désert n’est jamais vide, on déguste la semoule qui ,petrie de parfums nous réchauffe ,les nuages ont été chassés et les étoiles commencent a apparaitre ,le vent est tombé ,on picore le plat de grains de grenades au sucre et a la fleur d’oranger, les clémentines ,et puis quelques gâteaux au miel 

What else ? comme répèterait l’autre

Nous sommes arrivés il y a vingt quatre heures et partis depuis si longtemps … demain ce sera la course ,le marathon des dromadaires,la folie un peu et puis le retour

 mais demain c’est très loin vu depuis cette dune qui avait rosi de plaisir au coucher du soleil

Il nous faut effacer les traces de notre passage , mais le vent des sables ,je le sais, viendra conclure notre ouvrage, la piste ,la nuit est un defi pour nous pauvres occidentaux, ramzi y est comme chez lui ,d’ailleurs c’est le cas il est chez lui ici