Exercice difficile : vous dire un mot qui ne dure pas deux heures
Tout d’abord soyons clairs,il n’y a ici que des gens que j’aime ,les autres je ne les ai pas invité,
sincèrement vous me voyez inviter jerome guedj ou xavier dugoin ?
Et puis il y a tous les autres, de la BANDE des pas vrais ,des hypocrites,ceux là les inviter ce serait vous faire injure a vous
j’ai lancé les invitations de facon un peu artisanale voir désorganisée ,sans liste ,ni rigueur
au resultat vous avez chacun reçu des dizaines de mails avec du vrai n’importe quoi ,et j’ai peut-être quand même oublié d’inviter certains amis
Il y a trente ans ,je devenais maire de janvry ,ce soir ,ce sont des anecdotes que j’aimerai vous rapporter
comme ce premier courrier reçu des le lendemain de mon élection
La lettre du député de circonscription pierre andré wiltzer qui me disait ceci , »je tenais a vous feliciter pour votre brillante election, les habitants de boullay les troux ont su reconnaitre toutes vos qualités «
Sans doute ,ma reponse fut elle la première d’une longue lignée où j’ai remercié en expliquant que l’élection n’avait pas été si brillante et que malheureusement les électeurs de boullay les troux ne m’avaient été d’aucun secours,
C’était idiot, car sa secrétaire a dû se faire engueuler, mais beaucoup d’entre vous savent que je ne peux pas résister a me moquer gentiment
Je suis arrivé a janvry vers l’âge de 6 mois ,mes parents y ayant leur résidence secondaire ,
des l’age de 8 ans, je n’ai jamais envisagé de vivre ailleurs qu’ici, une sorte d’évidence indiscutable,l’adolescence n’est venu que confirmer cela
c’était ainsi et j’ai construit ma vie professionnelle dans ce seul but ,c’était ainsi et pas autrement
Ce que je n’avais ni prévu, ni envisagé ,c’était cette fonction au sein de notre village,
je crois que ce sont vraiment les circonstances et une conjonction qui ont permis que je sois élu
Dans le premier mois de cette election mouvementée,
vous imaginez ,j’en suis au premier mois et il y a trente ans .
je garderai deux souvenirs que je raconte régulièrement :
le premier c’est cette dame, propriétaires de terrains a janvry venant me voir dans mon bureau a peine étrenné, pour m’expliquer que nous étions un village de cons où il ne se passait jamais rien et où il n’y avait même pas une épicerie ….. tu prends cela dans la figure car toi tu l’aimes bien ton village de cons
Et il y avait ces voisins, habitant dans le bourg, en plein conflit où l’on me demandait d’intervenir ,
les uns possédaient un dogue de bordeaux ,un molosse ,un chien de guerre de pres de 80 kg avec une gueule énorme ,les autres étaient les heureux parents d’un enfant de neuf ans ,
on me demandait d’intervenir car plainte avait été déposée a la gendarmerie car le môme avait mordu le chien a travers le grillage ….
c’est vrai que ce jour là je me suis dit que je n’avais peut etre pas mesuré la taille du spectre du role d’un maire
ma mère ayant été maire ,des années auparavant
Le premier mandat a été difficile, surtout le dimanche midi, lors du déjeuner dominical en famille, car ma mére vivait comme une blessure,un sacrilége,une remise en question , a chaque travaux ,chaque aménagement que nous réalisions :
une soupe a la grimace lorsque j‘ai eu le malheur de changer les rideaux de la maternelle qu’elle avait amoureusement confectionnés 15 ans plus tot ,
lorsque j’ai changé les coussins de la salle des actes
et je ne vous dis pas la destruction du rond-point de la place de l’église pour installer la fontaine ,
Les exemples sont nombreux qui m’ont demandé des trésors de diplomatie
Chaque dimanche nous rejouions la version féminine du meurtre du père
Pour essayer d’être le plus court possible, un mot pour vous dire la belle aventure collective qu’ont été ces années ,grace a des conseillers municipaux intelligents ,libres de pensée ,créatifs,chaque conseil avec une facette particulière ,m is tous incroyablement engagés
bien sur, en trente ans ,il y a des fâcheries mais jamais de divisions ,
a trois occasions en trente ans , l’un ou l’autre ont quitté le navire,autrement dit claqué la porte mais toujours doucement
ce fut toujours un creve cœur car je l’ai toujours considéré comme un échec personnel
mais cela n’a jamais porté ombrage a cette espèce de confiance chaleureuse mais lucide ,qui a toujours régné au sein du conseil
cette solidarité consciente sans concession qui nous ont permis d’être le village que nous sommes
une pensée aussi pour ces compagnons d’armes décédés THIERRY, claude, Ghislain,
en trente ans ce sont plus de 250 conseils municipaux ,presque une année complète de soirées consacrées a l’intérêt général et je ne parle pas des soirées de commission
Une pensée donc aussi pour ma famille dotée d’un père et d’un mari absent tous les soirs
Ces fonctions de maire m’ont conduit a en occuper d’autres, la construction de la communauté de communes qui était une coquille vide et dont personne ne voulait
vingt ans pour lui créer son identité et une vie réelle
puis 16 ans au conseil général et là je dois vous faire un aveu
Plus on s’éloigne de la vraie vie, des gens, des réalités
moins le bon sens ,l’interet général ne sont au cœur des choix ,
pendant 16 ans au conseil général ,jamais une idée n’a été retenue parce qu’elle était bonne ,
tristement, une idée est retenue si elle vient de la majorité et elle est mauvaise si elle vient de l’opposition,
il reste tout juste la possibilité d’obtenir quelle soit mise en œuvre, si la majorité en place espere ainsi vous faire taire
Pendant 16 ans au conseil général j’ai eu la sensation d’être un gladiateur qui n’est applaudi que parce qu’il frappe plus, et plus fort ,
des combats souvent très vains réservés a une enceinte très restreinte,
la foule en question veut du sang ,elle est sans cœur et si vous tombez ,elle criera pour en encourager un autre
incroyable logique sterile qui consiste a apprendre a faire mal au nom du bien publique
Je me reproche de ces années d’avoir appris la hargne ,la brutalité ,la violence,la dureté ,certains diront le cynisme , d’avoir appris a prendre des coups et a souffrir sans le laisser paraitre
Cette violence m’est,, bien sur, revenue en boomerang avec des attaques épouvantables et des accusations ignobles a mon égard ,remettant en cause mon honneteté ,ma probité et qui m’ont laissé brisé physiquement durant tout un été ,perclus de douleur
Je reproche a ce petit monde l’oubli de l’intérêt général, qu’au moindre décès d’un élu, après une seconde de stupeur, chacun soit déjà en train de penser a sa succession et a negocier des alliances
Ça, c’est le coté noir ,vain et vaniteux
Mais il y a les amitiés sincères si rares qu’on en a des bouffées de bonheur grace a celles qui résistent a ces flots d’ambitions personnelles ,merci francois,alain ,jean marie ,leo ,bernard ,cecile de faire partie de cette poignée là
et puis j’aimerai parler des idées qui se réalisent, et que certains saluent ,
ce n’est pas de la fausse modestie ,je ne suis pas convaincu d’avoir beaucoup d’idées ,mais je revendique d’être une éponge,d’écouter , d’aimer les projets et les défis que l’on me suggère et d’essayer de les mettre en œuvre ,
s’ils me semblent excitants ,pertinents utiles ,
pendant que je vous parle, parmi vous ,il y a des idées qui germent, qui sommeillent dans votre cerveau,il y en a tout le temps ,
les idées sont des étoile filantes ,
notre role, c’est de les attraper et de les réaliser ,
la seule paternité qui compte c’est celle de celui qui arrive a concrétiser les choses ,
peu importe que l’on soit le geniteur, c’est celui qui élève un enfant qui compte
bon,cela depend du geniteur quand même,
entre un geniteur comme albert einstein et donald trump faut pas se tromper
en trente ans ,a janvry et ailleurs, on a mis en œuvre quelques idées ,quelques projets,
il y a toutes celles qui auraient peut-être vu le jour,de toutes facons que je sois là ou non
,et puis il y en a une poignée dont je suis sur que sans moi elles n’existeraient pas ,
alors ce n’est pas pour me vanter, c’est juste pour dire que la conséquence d’une élection c’est d’abord cela
en toute immodestie ,car je sais l’instant où tout a basculé et je sais pourquoi et comment je l’ai fait basculer ,
sans moi, a cette fonction ,il n’y aurait jamais eu la gare autoroutière de briis sous forges,
il est, parmi nous ce soir ,c’est devenu un ami ,le collaborateur du conseil general qui a étudié ce projet quand je l’ai proposée et qui a produit un rapport expliquant que cette gare, si elle se realisait, accueillerait au mieux douze passagers par jour
,et il était d’accord avec les services transports de la region et du stif autant vous dire qu’avec de tels avis des professionnels ,il faut être musclé et saignant pour qu’un tel projet sorte de terre
,il n’y aurait pas eu les archives départementales de chamarande telles que vous les connaissez,
nous les avons sauvé avec un fonctionnaire departemental lors d’une commission d’appel d’offres brisant toutes les règles de discipline et provoquant la colére du président de l’époque
il n’y aurait pas eu le lycée de limours ,sauvé a la veille de l’annulation de sa construction par le conseil régional sur un ballot de paille au fond d’une grange du coté de forges les bains
comme il n’y aurait pas la veloscenie vers le mont saint michel
nos communes ne seraient pas ,non plus ,aujourd’hui au sein du parc naturel de haute vallée de chevreuse ,
si je vous cite ces exemples, c’est parce que ,pour janvry ,il vous appartient d’en juger
juste cette réflexion d’un inspecteur des renseigenments generaux qui n’est pas eric qui m’a dit
« janvry ce n’est pas une commune c’est une principauté »
le seul pouvoir qui compte est celui du pouvoir de faire ,
un élu doit être créatif, reactif, sans prejugés et garder toute sa capacité a s’indigner, a résister ,
il est aussi un des rares grains de sables capable d’enrayer la machine a broyer
l’administration ,la technocratie ,la loi du tapez un, tapez deux, tapez trois ,l’anonymat ,la disparition des rapports humains dans toutes les demarches constituent une immense machine a broyer ,
les élus sont un de derniers remparts pour briser la solitude des individus face a cet être sans visage ,un internet qui arrange bien des gens par la distance qu’il installe et la froideur qu’il autorise
Cela va des banques qui réclament 22% de taux d’interet alors qu’habituellement elles demandent 5% et qui envoient les huissiers ,
aux guerres qui jettent a la mer des familles entières,
de l’administration fiscale qui réclame des taxes d’equipement pour une maison qui n’a jamais été construite,
la loi du « c’est comme çà « ,du « c’est l’informatique » , »ce sont les consignes »
la liste des exemples est immense
j’en citerai deux parce qu’ils sont, ceux là , sont plutôt drôles et moins révoltants
C’est le père kuribata ,prêtre africain de notre paroisse qui recoit un arrêté d’expulsion et de reconduite a la frontière ,sa carte de sejour a été refusée par la préfecture
je m’en émeut d’autant plus que prêtre ,il y a des problemes de recrutement, la main d’œuvre se fait rare,
c’est un peu comme les plombiers polonais ,
et monseigneur bobiere ou le pere christian ici presents ne me démentiront pas
Donc j’appelle la préfecture ,je finis par avoir le service ,pour savoir pourquoi ils lui refusent son autorisation de séjour a notre brave curé,
et là, je vous le jure la dame me répond « mais monsieur,si on l’accepte demain, il fait venir sa femme et ses enfants «
et là, tu navigues entre l’horreur et bonheur absolu
Plus léger encore ,un jour, l’imitateur yves lecoq , m’appelle en me disant
« Christian, je suis bloqué a la prefecture ,j’ai perdu mes papiers, je les ai refait,maintenant je dois payer a la régie de la prefecture , les timbres, mais sur mon carnet chèque il y a marqué yves lecoq alors que sur ma carte d’identité il y a mon nom complet qui est Yves Louis Georges Lecoquierre-Dubois de La Vigerie, »
« je lui ai bien dit qui j’étais » ,
elle m’a dit qu’elle m’avait reconnu, mais que c’était pas le probléme
et là, a part appeler le prefet pour lui dire de sauver lecoq,il n’y a pas grand-chose a faire
a ce jour ,j’occupe beaucoup de moins de fonctions qu’a une époque et pourtant, je n’ai jamais été aussi heureux ,aussi serein et vous tous qui etes ici, je tenais a vous en remercier car je vous le dois
ici l’arène de gladiateur s’est transformée en terrain de jeux en humanité
la tribu des janvryssois et des bénévoles, c’est ma famille élargie ,
ce n’est pas le pays des bisounours mais c’est ma tribu, je l’aime et j’en suis fier ,une armée de bienveillants a mon égard
elle nous confére le pouvoir de soulever des montagnes ,de rendre chaque l’impossible possible et ce n’est pas une formule
France info dans une tribune sur internet titrait « a janvry papa monstre a anticipé la rentrée pour son école »
quel meilleur résumé de tout ce que j’aime ,de la tendresse ,de l’attachement ,de l’engagement
Je voudrais remercier mes arriere grand parents, grand parents, parents qui ,par la transmission, m’ont permis une sécurité financière qui m’a offert la liberté ,
la liberté de mes choix ,la liberté de rire et de jeter dehors les corrupteurs de tout poil ,
il est plus facile d’être honnête quand on a des moyens ,que quand on a des huissiers a sa porte ,
la liberté de m’engager telle que je l’ai fait, je leur dois en grande partie
Enfin je crois que l’on ne peut rendre heureux, que si on l’est soi même ,cela je le dois aux gens que j’aime ,a cette tribu incroyable ,a ces aventures réussies grâce a eux
Jhon lennon a ecrit : « A l'école, quand on m'a demandé d'écrire ce que je voulais être plus tard, j'ai répondu "heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie. »
Alors oui ,je vous le dis il n’y a aucune nostalgie de ces trente ans bien au contraire ,je vis des jours heureux grace a vous et j’ai une passion dévorante pour nos aventures a venir et les mois a venir sont plein de promesses jubilatoires
Je vous avoue que je crains les periodes d’élections car il sort toujours des rats des égouts avec des méthodes très sales,j’ai envie que cela passe vite car ils m’atteignent
Cette année au bout de trente ans la commune a acheté les terrains de la dame qui disait que janvry était un village de cons ou il ne se passait rien ,
le plus rigolo, c’est qu’un des terrains est celui, où depuis des années, nous faisons janvoriaz notre piste de ski, dans ce village où il ne se passe jamais rien
Allez je termine ,trente ans de mandat ,je revendique le plus incroyable des succès ,la plus difficile des réussites
Nous la vivons quasi quotidiennement
qui que ce soit d’entre vous, si vous parlez ou si vous prononcez le nom de janvry a l’extérieur de notre village ,
bien sur, si la personne connaît notre village ,vous apercevrez un phénomène magnifique,magique :
un petit sourire s’amorce spontanément sur le visage de votre interlocuteur,
un sourire qui vient tout seul ou des yeux qui pétillent ,
c’est tout ,sauf insignifiant ,imaginez ce que cela signifie
Que le nom de notre village soit associé aussi profondément au plaisir, au bonheur ,
c’est notre plus incroyable succès d’être associés ainsi aux choses heureuses de la vie
merci a tous d’être là, certains sont venus de tres loin,d’autres ont travaillé comme des fous ,ont cherché à penser à tout ,
merci pour cette tendresse qui m’entoure ,
merci au personnel communal hors du commun ,
merci tout simplement de me montrer que ce que je crois le plus au monde, d’amour, d’humanité ,de fraternité , ne sont pas idées en étoiles filantes, mais notre réalité au quotidien,des trucs que l’on peut toucher du doigt a vous faire monter les larmes
alors très loin de la cuisine électorale, il faut que je me remette aux fourneaux
on va passer a table ,pour une recette qui ne doit rien ,ni aux calculs, ni aux ambitions
je vous embrasse très fort