vendredi soir quand dentzel mon bouvier bernois s'est mis dans un état fou j'ai cru revivre la scene de cet été,et c'était le cas
juste ,tout d'abord, me dire qu'il y a une une bonne fée pour qu'il n'ait pas fait cette torsion d'estomac ,la veille, alors que j'étais absent
,remercier je ne sais qui que malgré la télévision et a des étages de différence ,j'ai entendu qu'il avait du mal déglutir et que toutes les lumières rouges se soient allumées dans la tête
,moi qui , a cette heure là, après une mauvaise nuit la veille et 750 kM de route ne rêvait que des bras de morphée
si je vous raconte tout cela et de ce qui pourrait paraitre de la sphére privée,c'est parce que deux instants m'ont interpellé plus que les autres durant cette longue nuit et que je voulais les partager avec vous
après des moments toniques a téléphoner et a essayer de joindre nicolas le veterinaire ,me voila qui saute dans la voitre,le chien qui me suit ,qui souffre, mais qui se précipite dans le coffre
nous sommes "en connection"un regard et je sais qu'il est en danger de mort
nous arrivons avant le veterinaire ,j'ouvre le coffre ,il est assis au fond en souffrances
on est là a
attendre,le chien s'approche de moi pose sa patte sur mon épaule et appuie sa tête contre ma poitrine, puis se met a gemir sans plus bouger,collé a moi
l'instinct que nous avons tous, face a la douleur, est de nous recroqueviller comme l'huitre que l'on titille du coin de la fourchette,
on tente de se "refermer",de s'isoler du monde, que ce chien se colle, se confie, se tourne aussi fort vers moi est ,a la fois, une veritable émotion mais plus que cela une interrogation, comme s'il avait la certitude que la liberation de sa souffrance dependait de moi et qu'il le savait
cette démarche me laisse songeur, quant a ce que 'l on appelle l'intelligence c'est a dire le depassement des réactions instinctives
il était plus de minuit après les radios ,il a bien fallu se résoudre a admettre que c'était probablement une torsion et qu'il fallait ouvrir
nicolas le véto était un peu inquiet de m'employer comme assistant,,generalement la vue du sang et de voir "découper" son animal constitue une épreuve pour son "maitre"
pour moi le temps comptait et j'ai insisté pour expliquer que je ferai le job
et c'est le
deuxieme enseignement de cette trop longue nuit,pas de sensiblerie ,pas de crispation a voir le bistouri ouvrir les chairs,
pas de repugnance ni de haut le coeur a passer les compresses pendant que sang coule,pas de degout a sonder l'estomac et a en ressortir les reliefs de repas
en fait tout ce qui nous provoque des réactions revulsives et dégoutées est gommé,et c'est ma deuxième interrogation ou debut de réponse
en fait, j'imagine que si on a une balle dans la jambe ,on oublie le sang,les chairs explosées,l'horreur ,ce qui compte ,c'est que le bistouri atteigne la balle ,l'origine du mal, pour la retirer,trouver l'origine du mal ,pour en triompher ,pour sauver,
tout l'esprit est tendu vers cette quête et gomme ce qui au quotidien pourrait nous faire vomir ou hurler de peine
voilà a mes yeux ce qui nous permet de dépasser la sensiblerie parce que l'objectif n'est pas là ,il est derrière et que tout cela n'est qu'un obstacle que le bistouri,les tubes ,les clamps et autres ne sont que les moyens de la victoire
vers trois heures et demi du matin ,nous couchions le chien dans sa cage et je rentrais chez avec le sentiment d'être un mec bien qui a fait le job et sauvé sa bête,c'est idiot hein ?
des le lendemain dentzel était sur pied avec cette capacité surprenante qu'ont les animaux a reprendre le dessus,dans la nuit ,il aurait du mourrir l'aorte écrasée et le lendemain soir ,il dormait tranquille au pied de mon lit
elle est pas belle la vie ?
,