5 octobre 2009
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C'est ainsi qu'a commencé mon histoire d'amour avec ce lieu,un histoire faite de passion,de trahisons,de déceptions, d'espoirs, et de projets fous.
Dès 1994,a peine élu conseiller général, et président de la commission culture,j'y fais débarquer l'administration départementale,les élus, pour essayer de mobiliser tout le monde sur ce dossier.Fabrice Luchini qui l'a visité, avec qui nous nous étions promis qu'il viendrait faire une lecture.
En effet,a cette époque ,le "cabaret de la longue chaise" n'était plus qu'un hangar de stockage ou s'entassaient matelas et sommiers au rebuts,rouleaux d'isolations etc...Au milieu de cela, quelques merveilles :un somptueux piano,et puis, ce qui restera gravée dans ma mémoire,la cage du souffleur,la fosse d'orchestre,le projecteur de cinéma arrêté,figé depuis une dernière séance,avec, encore, la dernière bobine et le mégot et sa cendre au bord de la table du projectionniste, comme si celui-ci n'avait pas su que ,ce soir là, en refermant la porte,il n'y reviendrait plus.
Avec Denis Vercellino, qui travaillait au district,nous avons monté un projet culturel mêlant théâtre et cinéma,avec le cabinet Abaq,nous avons imaginé une double restauration :
Garder l'âme de ce lieu en le restaurant,mais en le laissant dans son "jus" et en creusant sous le bâtiment pour y réaliser un "foyer," un lieu de convivialité qui aurait permis d'organiser des soirées jazz ou café théâtre plus intimes.
Nous y avons même organisé un chantier de jeunes pour nettoyer vider ,redécouvrir les lieux.
Mon caractère, un peu envahissant, a du faire peur a certains...
Dans le même temps,au conseil général, on m'alertait sur une jeune troupe qui "occupait " un gymnase a Wissous, car le maire de cette commune mettait fin a leur contrat de résidence.
Je m'y suis évidement rendu,grimpé a l'échelle pour les rejoindre dans leur camp retranché et nous avons longuement parlé.
Moi,forcément,je leur raconte cette aventure de ce théâtre endormi que j'espère réveiller....
Quelques jours après,j'apprends que ma "jeune troupe" a contacté le directeur de Bligny et lui propose de s'occuper du théâtre.et que point n'est besoin,d'un élu trop invasif.
Tout serait trop long a raconter, mais la réhabilitation s'est faite aux "normes" de la DRAC,c'est à dire que la "boite" a été vidée et qu'une fois dans le lieu,on peut être dans n'importe quel théâtre moderne français,dans n'importe quelle ville.
L'âme s'est enfuie par la trappe du souffleur avant que le marteau piqueur ne la détruise.
Pendant des années,la "jeune troupe" a bénéficié de subsides énormes du conseil général,de la région et de la drac avec un résultat plutôt triste : une moyenne de 35 a 50 spectateurs par représentation,et un public qui fuyait la déprime.
Toutes ces années,j'ai prêché pour une culture joyeuse,vivante,pour un lieu que le public pourrait s'appropier. certains considéraient que c'était une position vulgaire,a leurs yeux ,une salle vide méritait d'être subventionnée, plus que les autres,car cela prouvait que la démarche culturelle entamée était courageuse et créative....
La "jeune troupe" a du coûter a l'ensemble des collectivités,près d'un million d'euros durant les années qu'elle a passé au théâtre de Bligny,et je ne suis pas sur que la création culturelle ait avancé d'autant.
Elle avait lassé le public,elle a fini par lasser les responsables de l'hôpital,qui ont décidé de lancer un appel d'offres et c'est là où les masques tombent et la comédie s'arrête :
Lorsque le conseil général et la région apprennent qu'une autre troupe pourrait être choisie pour animer le théâtre : quelle que soit la troupe,quelle que soit sa qualité ,peu leur importent ! ce sera la "jeune troupe' ou pas de subventions !
un oukase culturel,un ingérence dans la liberté d'expression qui en disent long.
Une position qui confirme que les subventionnements pour cette troupe étaient politiques.
Imaginez que la nouvelle directrice est la personne qui gère la cérémonie des "molières", que la troupe sélectionnée est une grande troupe de professionnels.
Des politiques annoncent clairement,c'est nous qui gérons les choix culturels...
Avec un courage que je salue,la direction de Bligny,un peu choquée,a répondu "et bien tant pis"
la jeune troupe qui n'est plus très jeune,a quitté Bligny le 30 septembre,coupant l'électricité et démontant tout le matériel ,histoire de simplifier la vie a ses successeurs, qui nous recevaient deux jours plus tard,témoignant d'une élégance rare.
Le président de bligny, qui est un homme d'une grande classe et d'un belle éducation bouillait d'un tel comportement.
