Un de mes meilleurs amis,pour ne pas dire le meilleur m’a dit, il y a quelque jours « moi,je crois que j’aurais eu plus d’ambition que toi,je ne serai pas resté conseiller général,j’aurai adhéré a une formation pour aller plus haut ».
Dans un premier temps, cela m’a un peu « cloué » venant de quelqu’un que j’aime et qui me connait. En effet,l’ambition majeure n’est elle pas d’avoir des convictions et de les préserver quelque soit le prix ?
les républicains espagnols tombaient sous les balles fascistes en disant : « mieux vaut mourir debout que vivre a genoux »
Le tout est de savoir ce qu’est réussir, et si il y a une fatalité a se compromettre, je vous l’avoue a regarder le monde politique ,il est bien peu d’hommes ou de femmes que je suivrais aveuglement en me disant « c’est celui là « De Gaulle est mort ,je n’ai donc pas a me poser la question a son sujet.
Il en est ainsi, dans le public, comme dans le privé,je suis gérant de deux salons de
coiffure,ils sont les derniers du genre sur toute la France,désormais plus aucun « indépendant » dans les centres commerciaux,ce ne sont que
des franchises : ,jean louis david,dessange,prouvost etc…Tous ces noms que vous avez mille fois lus sans jamais savoir très bien ce que cela représentait derrière.
J’ai la sensation que notre débat démocratique ressemble a cela : point de salut hors des grandes enseignes nationales.
en ESSONNE, j’ai l’honneur de présider le dernier groupe d’élus indépendants d’ile de France ! Les derniers des mohicans en quelque sorte…
L’analogie avec la coiffure ne s’arrête pas là car, bien évidemment, ce n’est pas parce que vous rentrez dans un salon « jean louis david » que c’est lui qui va vous coiffer, je peux même vous garantir que le coiffeur qui va le faire, n’a jamais rencontré la personne en question et il y a même 9 chances sur dix qu’il n’ait jamais bénéficié de la moindre formation spécifique. Mais,vous, vous aurez « acheté » le nom,l’image.
Il est probable que deux ans plus tard, le même coiffeur sous un autre nom d’enseigne vous fasse la même coupe,sans que cela ne le dérange ,ni l’interpelle.
J’ai le sentiment étrange que la vie politique ressemble parfois a cela ,avec des élus qui choisissent l’enseigne qui marche bien, quitte a en changer selon la mode,ils n’ont, du coup, pas a développer leur savoir faire,ils « enfilent » les convictions qui vont bien avec : je vous le promets, le kit complet est fourni par le parti : argumentaires,tract type,affiches,fichiers etc….
je crains que nous soyons de plus en plus confrontés a des élus dont l’ambition rimera avec merchandising. Des produits formatés, aseptisés, mais qui seront de
« marque » comme disent les jeunes.
Les partis me semblent éminent neccéssaires a la condition qu'ils soient des laboratoires d'idées,des
lieux de débats, de partage, des leiux ou la passion soit consacrée a une certaine idée que chacun aura de notre démocratie.
Si ce n'est pas le cas,L’ »omo » politicus ne lavera pas plus blanc, mais n’aura plus besoin d’avoir des idées, d’autres se chargeront de lui en fournir. Les méthodes marketing désormais mises en œuvre par les formations politiques prouvent amplement ce que je dis. Une idée est testée auprès d’un panel d’électeurs avant d’être mise « sur le marché »,non pas ce qu’il faut pour notre pays mais ce qu’il »aimera » le plus…..
difficile de réformer quoi que ce soit avec des méthodes comme celles là ou de promettre comme Churchill « du sang et des larmes »
Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’élus convaincus ou honnêtes dans les formations politiques, je m’inquiète de cette tendance générale a vouloir créer un fossé qui permette aux élus de ne pas avoir a rendre compte directement aux électeurs de ce qu’ils font. Je m’inquiète d’une société qui se bâtirait non pas sur les convictions mais sur les instituts de sondage et de communication.
Les élections européennes avec le principe des scrutins de liste vont nous en donner une belle démonstration, nous allons voter pour des marques représentées par des « élus » dont nous avons oublié les noms pour les 90 % des 72 que nous avons désigner précédemment.
Face a un enjeu phénoménal, nous serons les otages des quelques 4 ou 5 marques qui se partagent le marché.