hier on m'annonçait un décès d'une "dame" de 95 ans et c'est toute ma petite enfance qui m'est remonté a la mémoire
je devais a avoir 6/7/8 ans ,ils travaillaient dans le meme immeuble a paris, lui au 1° elle, au 3°, dans le bâtiment d'en face ,comment se sont ils connus ?
je ne le sais pas ... d'une fenêtre a l'autre ?
lui, était réfugié espagnol, chanteur d'opérette ,fan de luis mariano ,ses poumons fragiles lui condamnèrent cette carrière, j'ai dans ma mémoire ,l'"auberge du cheval blanc" où il avait eu un rôle ,bref il dut se résoudre a changer totalement d'orientation et prendre n'importe quel travail pour tout simplement manger
elle était montée a paris de sa Vendée natale ,pour les mêmes raisons ,elle était laborantine, et mes yeux d'enfant l'associe a une blouse blanche et a la fenêtre en vitre dépolie qui donnait sur la cour et derrière laquelle elle travaillait
a six heures du soir ,je grimpais quatre a quatre ,l'escalier "de service" qui menait a leur petit logement, dans les combles de l'immeuble, deux petites chambres "dites de bonnes" ,un petit gout des "femmes du 6° étage" avec Fabrice luchini
ma mémoire d'enfant défaille sur la première, je crois qu'il y avait une table ronde pour prendre les repas , la seconde était faite d'une petit bout de cuisine limité par un "comptoir " en bois fin peint en bleu clair, dans la même pièce un lit double occupait tout le fond et la largeur de l'espace,les deux fenêtres donnaient sur les toits de paris et sur l'arc de triomphe
c'est une madeleine de proust ,moi le petit bourgeois gâté ,je peux vous dire l'odeur du beurre qui noirci dans la petite poêle et le steak qui grésille, ce souvenir de ricorée ,"bien meilleure au gout et pour la santé " et sans doute moins onéreuse
j'y passais des heures avant de filer rejoindre mes parents pour le diner ,nous parlions de je ne sais quoi, je m'ingéniais a cacher des tous petits sous dans les endroits les plus improbables pour qu'ils les retrouvent "par accident" sans identifier l'origine ,
je me souviens aussi de faire acheter ,parfois ,par ma mère dans une guerite des "gueules cassées" place pereire ,un billet de loterie avec le secret espoir,de leur apporter la fortune
les années ont passé josé luis a saisi une main tendue qui lui a fait monter dans l'ascenseur social ,il y eut d'abord cet achat incroyable d'un magnifique verger a roussigny, où se nichait une micro maison pour les week ends ,souvenir d'y avoir dormi dans le grenier une fois ,le magnifique terrain de roussigny a été revendu pour acheter une maison ,une vraie a mulleron
a chaque fois ,que je passe a roussigny ,je regarde le magnifique verger,disparu ,rasé , divisé en lotissement et la petite maison qui a été détruite
avec l'arrivée de jean Philippe ,c'est quelque chose d'inespéré qui leur est arrivé ,avec la retraite ,c'est aussi l'idée de s'inventer une nouvelle vie plus près de leur fils devenu adulte
marie thérése ,jose luis ,c'était le courage qu'a pu inspirer la misére, l'envie d'agir ,les petits bonheurs partagés ,l'esprit d'entreprise aussi
bien sur que je pense a leur fils aujourdhui