Le blog de Christian SCHOETTL

Je voulais vous raconter une histoire :

il y a plus de 40 ans …. J’étais antiquaire/brocanteur et plus brocanteur qu’antiquaire ,

un ami agriculteur m’appelle en me disant qu’il a un espace a vider dans sa ferme  et qu’il y a de la « belle ferraille » ,

je vais voir et en effet ,il m’explique que les écuries d’un château proche ont brulé ,il y a des années, et qu’on lui a demandé de tout enlever et de tout jeter, les "bouts de ferraille" lui semblant jolis ,il les avait mis dans une remise 

En fait, il y avait de belles séparations d’écurie en fer forgé ,bien travaillées ,

je lui rachète le tout et je rentre au magasin avec mes achats

et puis, cela vous paraitre idiot, mais je suis pris d’un scrupule

tout ceci est complétement légal, mais je sais d’où cela vient, même si les bâtiments ont disparu ,je mesure qu’ils ont été fait exprès pour un lieu, par un artisan ,j’ai l’impression que si je les vends, je romps quelque chose,

alors je les mets dans une remise ,pour donner du temps au temps et je les oublie un peu 

Si je vous raconte cela, c’est parce que  ce qu'on  appelle la « brocante de bâtiment »  conduit des gens a vendre des cheminées, des encadrements de portes ,des fontaines ,etc … conduit souvent a la destruction et au pillage du patrimoine et je crois que cela serait faire œuvre utile de ne pas encourager cela, dans mes fonctions d'élu, j'ai vu ce qui a été fait au chateau de chamarande par des occupants indélicats par exemple 

Dans mon cas, pas de destruction, pas de brigandage, mais le risque d’une traçabilité perdue

Trente ans plus tard ,je me retrouve dans ce château plutôt célèbre pour une réunion, son propriétaire nous accueille, du coup, je lui dis que j’ai quelque chose a lui offrir et je lui demande si je peux repasser dans la journée ,ce que je fais

Dans l’après midi ,je reviens avec une camionnette et, je ne sais par quel instinct, je ne charge que deux séparations en fer forgé  ,et je les lui rapporte ,il jette un œil distrait me dit ,quand même, que c’est un célèbre ferronnier qui les avaient faites au 18 ° et me dit ,posez les là on les rangera ,point final

Je n’attendais rien, sauf peut-être un je ne sais quoi de plaisirs partagés, de valeurs communes pour l’histoire ,le patrimoine ,j’ai eu en face de moi quelqu’un qui trouvait cela normal, de ces gens qui pensent qui le « valent bien »,

 alors j’ai gardé les trois autres séparations pour moi avec un petit  scrupule qui ne me quitte pas, ce qui est idiot vous l'avouerez ,un chose est sure je ne pourrai jamais les vendre ,ayant la sensation que je suis leur gardien