Le blog de Christian SCHOETTL

Le titre est volontairement provocateur ,car nous avons une société impitoyable et caricaturale dans les rapports hommes, femmes ,qui plus est en politique , ou des qu’il y a un rapport hiérarchique

Et pourtant l’envie me prend …De rendre hommage a ces femmes qui ont jalonné ma vie publique et qui l’ont profondément marqué ,car elles l’ont influencé ,accompagné ,éclairé

A voir un élu, un dirigeant, tout le temps « collé « avec sa collaboratrice, un patron avec sa secrétaire, on sourit et l’on commente, une forme de sexisme consternant, injurieux pour ces femmes qui ne seraient pas des personnes a part entière, mais un sexe ambulant.

Peu de gens font des commentaires graveleux quand le même collaborateur est un homme, après tout, l’homosexualité existe !

Alors oui, je voudrais leur rendre hommage a cette chaine de femmes  bienveillantes, attentives, intelligentes qui m’ont évité tant d’écueils et, tant pis pour ceux qui ont les neurones au niveau de braguette ou qui ne conçoivent la vie qu’a l’horizontale

La première d’entre elles s’appelait Catherine D..,(vous me permettrez un zeste (très léger) d’anonymat) elle était attachée parlementaire de mon député ,moi ,a peine élu maire a 33 ans ,elle ’est devenue mon rendez-vous téléphonique quotidien : une vraie vision de la vie publique, une dureté bienveillante a l’égard des politiques ,un espoir permanent et une conviction farouche  en la démocratie et notre république, un enseignement inépuisable pour moi et formidablement réjouissant 

Des échanges heureux ,nourris, elle était élégante et « trash » : a propos de l’égalité « hommes /femmes »elle parlait de « quotas laitiers » et voyait la loi comme une injure pour les électeurs et pour les femmes ,

des années a s’appeler ,a s’interpeller sur l’actualité, a dire du mal ,a dire du bien ,cela a été ma sœur spirituelle

Un jour je l’ai invité à déjeuner, et j’ai mesuré qu’elle s’inquiétait que ce déjeuner soit chargé d’arrière-pensées ,les années qui ont suivi, l’ont ,je crois, rassurée ,en tout cas quand j’appelais et que je tombais sur corinne, la secrétaire ,j’étais gêné comme un adolescent de demander a lui parler ,je lui dois tellement de sa clarté de vision politique et humaine, car nous avons tous, et elle en avait, des fêlures

J’ai rêvé qu’elle rentre a son tour dans l’arène en direct ,pas par délégation, mais j’ai échoué 

,son enthousiasme me manque toujours et il est inutile d’aller chercher un carnet pour me souvenir de son numéro de l’epoque 64 48 42 2.

J’en parle au passé mais parce que la vie nous a éloigné ,sans jamais aucune fâcherie  

Arrivé au conseil général, j’ai eu la chance  que mon frère m’indique l’existence de Sophie H.. fille d’un président de tribunal administratif ,je crois, et qui cherchait du travail ,

une « gamine » mais quelle personnalité !,studieuse comme une première de la classe, mais pointue et pertinente ,aux aguets ,elle a été ma conscience au conseil général

 et sans doute, un jour, en me disant « vous n’allez quand même pas voter ce budget ? » a-t-elle changé une partie du cours de ma vie. Une maturité chez une si jeune femme, qui me permettait des repères dans le maelstrom de la vie folle du conseil général de l’époque

Je ne vous ferai pas pleurnicher en vous disant qu’un élu est profondément seul a marcher au milieu des chausses trappes, des faux amis, des erreurs de langages qui peuvent être mortels, des choix qui peuvent être désastreux,

 c’est un monde passablement odieux et sans pitié, où l’annonce d’un décès d’un élu provoque 3 seconde de consternation et des heures de manigances pour savoir qui remplacera le défunt ,a peine froid, et déjà on lui prend ses bottes et sa place

Alors oui, ce papier est pour témoigner du bonheur à pouvoir  faire confiance, a s’excuser de cet égoisme a ce que tout soit tourné vers « l’élu » et son "combat" ,mais aussi son bien-être ,son confort ,et toutes ces belles personnes qui n’ont compté ni leur temps ni leur énergie de façon aussi désintéressée, car la paye était maigre quand il y en avait une ! en tout cas, pas des mercenaires ,mais un partage de convictions de l’envie d’y croire ,de tracer des chemins,de partager les enthousiasmes

Et comment ne pas être ému a l’égard de gens qui croient en vous jusqu’à s’oublier, oublier les horaires ou les week ends, sans plus de récompense que votre réussite ,alors on se rassure en se disant que nous nous battions pour des causes justes,  mais comment ne pas mesurer tout cet oubli de soi et mon égocentrisme

Alors oui, la confiance s’établit aussi par l’intimité, mais pas celle que l’on pourrait croire, l’intimité de la transparence, de tout connaitre, tout savoir, sans secrets,sans pudeur ,a doutes a découverts,a stress assumés, aujourd’hui encore les gens qui travaillent a mes côtés ont la main sur mon agenda, savent toujours où je suis et avec qui je suis  

Au conseil général, il y avait aussi irene M, la loyale ,la pudique ,la réservée ,mais aussi la combattante capable d’être une pitt bull ,chargée de famille ,elle n’hésitait jamais a des week ends de travail et a multiplier les attentions

,comment ne pas essayer d’être dignes de telles personnes ?

aujourd'hui encore je sais que si je l’appelle ,elle répondra présente ,je ne le fais pas, car je ne supporterai pas qu’elle se sente obligée car son obligé c’est moi

Après le départ de sophie ,il y a eu Elizabeth.B,la guerrière, elle non plus n’a jamais compté ni temps ,ni énergie ,une sorte de cadeau du ciel et une capacité soulever des montagnes

je me souviens d’un jour où Michel Berson avait fait venir en catimini  tf1 pour passer au treize heures pour expliquer qu’il était le créateur de la gare autoroutière de briis sous forges …la guerrière s’est mise en route et a fini par retrouver quel était le journaliste et lui expliquer la réalité ,au résultat le passage sur tf1 n’a jamais eu lieu malgré le déploiement de moyens de la chaine pour le tournage

des mails,des documents ,des créations réalisées dans la nuit et adressées aux aurores ,le harcèlement des fournisseurs pour obtenir le meilleur prix pour les impressions etc … une énergie folle et admirable et du ... caractére 

A toutes ces sherpas, ces bienveillantes on demande, j’ai demandé, d’être rédactrices ,créatrices , combattantes, présentes et réactives ,je crois que je n’ai jamais mesuré jusqu’à ce jour ,mon niveau exagéré d’exigence,

 je ne sais quel general de napoléon disait a son cheval « tu trembles carcasse, mais si tu savais où je te mènes tu tremblerais plus encore » avec l’âge et l’expérience, j’ai la sensation qu’emporté par les choses ,je manque d’empathie pour ceux qui me portent ,c’est mon bilan de ce jour    

A la communauté de communes, ce fut virginie C qui était mon « arbalète », intelligente, vive ,drôle ,travailleuse ,elle pigeait au quart de tour et rattrapait au vol les idées les plus folles et plus cela réjouissait l’âme et bouleversait les normes plus elle adhérait ,je formai des rêves ,des projets ,des idées et c’était parti ! il y a des gens avec qui tout semble possible et qui transforment les montagnes en taupinière avec le sourire

Alors oui, une vraie fierté a avoir partagé cette vie publique ,ces aventures ,ces combats avec ces femmes formidables

  Une immense tendresse pour toutes, pardon si des glauques les ont regardé comme des maitresses disons le mot ,c’est tellement grossier de réduire des rapports humains a cela ,c’est salissant et en permanence j’ai mesuré a quel point ce serait le risque à prendre et le motif de la tendresse  respectueuse que j’éprouve pour chacune d’elles ,merci donc, mesdames, si vous me lisez et pardon pour les égards que j’ai pu ne pas avoir

citer quelques unes c'est témoigner d'ingratitude pour d'autres, Annie, laetitia, monique,pascale  mais je ne veux pas tomber dans le piège de la liste car il y a toutes celles qui pourraient se reconnaitre qui ont été là au moment où il le fallait pour marcher sur le chemin 

Bien sur ,la vie continue et je ne parle là que du passé ,mais je sais a quel point aucun combat ne se mène seul et que si les lumières se tournent parfois sur quelqu’un ,ces femmes de l’ombre ont été des amazones a jamais liées a cette vie publique  qui est une grande partie de ma vie

Enfin pardon pour les hommes dont je n’ai pas parlé ,ils sont beaucoup moins nombreux et peut être qu’il est plus rare de trouver un tel engagement pour des raisons qu’il serait trop long d’exprimer

merci donc et respect ,chacune a votre manière vous me manquez