Mon ami robert est parti,sur ce blog ,trop souvent j’écris ces mots ,a chaque fois c’est pour moi une cruauté différente ,car robert ,c’était comme un frangin avec 2 tonnes de pudeur qui faisait que c’était dans les actes ,dans les regards que cela se passait
Je l’appelais robert et il m’appelait « casse couilles », le seul a m’appeler comme cela mais peut être pas le seul a le penser car il savait que quand c’était « mission impossible » c’est lui que j’appelais
Dans la vie, j’ai été parfois déçu, des gens que l’on aime plus qu’ils ne vous aiment ,des gens sur qui on est sur de compter ,avec qui on a un passé qui a prouvé que soi-même on répondait présent et qui se défilent ,des êtres sans mémoires ou alors pas la même
Et puis ,il y a des êtres comme robert ,40 ans d’amitié ,pas une ombre ,un des rares avec qui j’étais sur de pouvoir aller a l’autre bout de la terre,en mission "commando comme nous avions été en roumanie ,en étant sur qu’il n’y aurait pas d’état d’ame ,de doute ,un être sur
Avec ma petite expérience ,ils sont rares ceux avec qui on peut sortir de la tranchée et être surs d’eux ,de leur bienveillance ,de leur courage ,de leur engagement ,c’est une fierté de compter des amis comme cela
Il y a plus de quarante ans je crois ,il a vécu a la maison ,car ,amoureux de maria ,il n’était pas encore en odeur de sainteté auprès de jules et Julia ,il circulait dans son land rover pourri et y dormait jusqu’à ce que je découvre qu’il en faisait sa chambre après nos dîners quotidiens a la maison, bousculé dans ses rapports familiaux ,contesté dans ses choix affectifs ,il a tenu bon ,car c’était un fidèle en amour et en amitié
Nous avons fait tellement de trucs invraisemblables ensembles que ma mémoire défaille ,nos deux convois humanitaires vers la roumanie,une forme de guerre où il fallait être solide physiquement et mentalement,
ce jour ,cette aube horrible où il m’a appelé en hurlant de pleurs pour que je vienne car son fils justin nous avait joué un tour pendable, l’horreur que nous portons encore en nous et puis tous ces voyages en camion pour aller chercher tout et n’importe quoi ,cette insouciance des ventes enchères où lui et maria pratiquaient des razzias
C’est robert qui m’a donné l’idée d’organiser un marché de noel a janvry,depuis, il s’y sentait responsable au point que chaque année ,bon gré mal gré,lui et les siens se débrouillent pour trouver le sapin géant qui orne la place
Bref mon robert, c’est a lui et a sa famille que je pense quand je suis face a un mur et il l’a toujours brisé.
J ai bien essayé de lui faire prendre des vacances ,une fois ,il est venu passer quelques jours dans le sud ,l’inaction et le bruit des cigales lui ont été insupportables
Quant a sa famille,ils font partie des miens ,maria ,la frangine depuis toujours ,derrière la rudesse ,la tendresse et la bienveillance quant aux mômes, qui n’en sont plus ,c’est comme mes gosses ,ils m’inspirent des sentiments qu’ils n’imaginent même pas ,quand elle a souhaité être baptisée ,robert m’a désigné comme le parrain pour juliette ,cette formidable femme ,un honneur et une émotion
Alors je ne vous raconterai pas les batailles de ballots de paille dans le logement a pivot ,les spaghettis a la tomate a la maison,ce dîner où il n’avait pas avalé une bouchée car il y avait une «maitresse » (d’école) a notre table et qu’il était totalement impressionné (sans doute traumatisé)
Alors oui, il n’était pas câlin, il était beaucoup plus que cela, il était présent ,protecteur, et quand ses enfants l’appelaient le « daron » c’était la marque d’amour mais aussi de respect profond qu’ils lui vouaient
Incroyablement il avait ce truc des « de smet » : n’avoir aucun préjugé, n’avoir peur de rien (sauf des maitresses) et être formidablement créatif sans limites,
quelqu’un qui réfléchissait et qui cherchait en permanence, pour les crétins ces propos doivent surprendre mais c’est ainsi et ce n’est pas son départ qui me fait tenir ces propos
Du fin fond de forges les bains, robert se projetait et agissait sur la hollande ,l’Allemagne ,achetait du foin en Estonie et s’approvisionnait sur des salons en Italie en Pologne et ailleurs
Ils vont me manquer ces cafés pris avec lui sur la grande table avec la cafetière a pompe et lui qui embrayait toujours par un « qu’est-ce que tu racontes » et si par hasard en public quelques propos le gênaient il se frottait la tête a en bousculer son couvrechef et sa main partait jusqu’à l’arrière cou
Il y a un mois, j’avais proposé a maria et a robert de les marier …en vain et pourtant ces deux là s’aimaient ,en fait ils ont mené une vie hors du commun et ce matin je pense si fort a ma frangine qui doit s’enfermer dans son armure et aux mômes qui perdent une amarre