il y a quelques temps notre président comparait la période que nous vivons a l'entre deux guerres et aux conséquences de la crise économique de 1929 ,
c'est un classique de nos dirigeants, a chaque fois qu'ils voient monter les populismes sans vouloir s'interroger sur les causes de cette montée
malheureusement ,lorsque j'ai écrit mon premier papier sur les "gilets jaunes" je ne crois pas m'être trompé et les semaines qui passent confirment mes craintes : il s'agit de l'agrégation des pauvretés ,des espoirs déçus ,des amertumes face a une classe politique arrogante et hors sol
en fait ,nous ne sommes pas en 1929 comme le pense notre président ,cela va bien au-delà des problèmes bancaires ,nous sommes beaucoup plus près de 1789,
la marie Antoinette d' aujourd’hui n'invite pas a manger de la brioche faute de pain, mais pas loin ,les petits marquis de notre république ont perdu toute conscience du quotidien et surtout distillent une image d'opulence agressive
l'apparition de cahiers de doléances comme en 1789 est frappante ,on recherche désespérément a endiguer une colère diffuse ,brouillonne mais rageuse
la nonchalance de nos gouvernants a commencé par traiter par le mépris le début de ce mouvement de fond comme celui qui verrait apparaître des boutons sans s'interroger de l'infection qu'ils révèlent
on a décidé de "garder le cap" sans mesurer son incapacité a le tenir ,ce gouvernement a fait la faute grave ,irresponsable d'admettre que la violence vaut mieux que le dialogue ,
ceci peut il s'arrêter ? je ne sais pas,je ne crois pas
le mouvement des gilets jaunes devait s'essouffler après le 17 novembre, d'autres espèrent naïvement que les fêtes de noel le calmeront,c'est juste consternant ,une vision a la petite semaine qui nous prépare des lendemains complexes
dans ce pays où l'on crée des taxes pour donner des aides et d'autres aides pour compenser les taxes ,il y a des symboles ravageurs : chacun savait que la suppression de l'isf était une mesure dont le symbole serait mal percu ,je voudrais un jour y consacrer un papier ,mais sans doute que l’exonération de la taxe pour les yachts de luxe par exemple ,est encore plus concrète et plus exaspérante aux yeux qui paient leur taxe foncière
on décrit les seigneurs chevauchant les champs cultivés,et l'on comprend que ce que les serfs pouvaient ressentir quant au respect du travail ,ne caricaturons pas, mais ne nous voilons pas la face ,le fossé creusé est très profond et large comme cette colère instinctive de ceux qui se sentent humiliés et ignorés,ceux de la France du quotidien qu'elle soit de banlieue ou de province ,celle de la voiture pour bosser,pour vivre, face a celle des bobos parisiens a trottinette,lorsque l'on souffre ,la seule sirvie est d'identifier un coupable
reste qu'avec une première vague de protestation qui aurait pu s'arrêter, si on n'avait pas été droit dans ses bottes ,par refus de comprendre ,la vague se transforme en tsunami
depuis toutes les revendications sont venues demander l'hospitalité a ce mouvement le rendant totalement protéiforme ,créant un meli melo de revendications parfois contradictoires toutes révélatrices d'un mal vivre ,d'un mal être et d'une envie de renverser la table ,
arrivé a ce stade ,on est en droit de s'interroger sur une escalade que rien ne saurait satisfaire
désormais a chaque fois qu'un élu appelle au calme et au dialogue ,on pensera qu'il craint pour sa pomme ,qu'il veut étouffer la révolte qui ne gronde plus mais qui prospère
alors oui, nous sommes en plein "dégagisme" ,oui tout est possible sauf un talent énorme ,les lycées s'enflamment dans une belle inconscience ,si demain la banlieue embraye ,cela va devenir compliqué
cette colère est sans visage ,ou cent visages comme on voudra mais aussi cent revendications différentes qui toutes hurlent la fin d'une forme de fatalisme ,un lien ou des liens rompus
on decapite a l'arc de triomphe la république car ,de fait, on n'a rien a perdre,comme on a décapité louis XVI
c'est un des rares moments où je n'ai pas de réponse simpliste,mais réellement beaucoup d'inquiétudes