adolescent, après avoir boycotté l'épreuve du bac que j'ai passé une première fois a 16 ans ,j'ai décidé ,je dis bien décidé de m ''exiler" de la capitale et d'aller en pension au grand dame de mes parents ,voir consternation, une sorte d'entrée au monastère...
une sorte d'autoflagellation et surtout de la distance que je voulais mettre avec une vie parisienne par trop magique pour un garçon de mon age vivant déjà indépendamment
dans cet accès d'ascétisme ,j'ai refusé cette pension magnifique avec équitation du coté de deauville que mes parents me proposaient pour choisir un internat public dans un lycée d'état a ...Tourcoing
je ne suis pas là pour vous raconter le dortoir de quarante lits avec le surveillant dans son local aux rideaux tendus,l'alignement de lavabos a la fayence usée,la portion de beurre que l'on apprend a étaler avec acharnement sur le pain du petit dejeuner ,ni les arrivées le dimanche soir a la gare de tourcoing ,,les becs de gaz se reflétant sur les pavés luisants ,l'atmosphère glauque des neons de l'enseigne de l'hotel face a la gare ,les rues aussi désertes ou les couloir de l'internat que j'étais le seul pensionnaire a regagner le dimanche soir
si je vous raconte tout cela c'est que "bienvenue chez les chtis !" n'est pas une légende et que j'y ai rencontré des gens formidables ,chaleureux ,accueillants ,hospitaliers ,surs ,je m'étais promis l'enfer ,ce ne fut pas le paradis, mais une formidable aventure marquée de belles rencontres
quelques 45 ans plus tard ,les amitiés demeurent ,des visages restent sans que je ne sache ce qu'ils sont devenus ,mais "titi",thierry lelaurin est désormais dans le sud et nous essayons de nous voir durant l'été ,il reste a mes yeux cet adolescent qui chantait "angie" en grattant sur sa guitare et en faisant tomber les filles,anne debock, Sophie desreux qui m'a fait découvrir les plages d'oostuinkerke ,raphael suengas ,une cohorte de gens attachants ,le petit bar moche carrelé de méchants petit jaunes et noirs où je m'échappais a coté du lycée pour manger un jambon beurre et écouter "petite fleur" de Sydney bechet sur le juke box
bon j'arrête ,juste pour vous dire que parmi ceux là ,il y a eu la famille soulier de Roubaix ,et leur fils olivier qui m'a accueilli chez eux ,pour que le dimanche soir ,je ne retrouve pas seul dans cet immense bâtiment sinistre
nous ne nous sommes jamais perdus de vue avec olivier,il était l'élève sage et appliqué observant avec une certaine jubilation le trublion que j'étais déjà
aujourd'hui ,il est considéré comme un des plus grands homéopathes Français,mais c'est uniquement la tendresse qui nous lie ,chacun sa trajectoire et le bonheur de constater bien des approches et des points communs
ce week end ,olivier et anne sont venus passer deux jours a a la maison accompagnés par une équipe canadienne qui voulait tourner une série d'interview ,c'était rigolo de se retrouver a la table des gaulois ou sous la tente syrienne ensembles
en tout cas l'occasion d'organiser un diner "causerie",avec les habitants du village qui m'a semblée bien riche
ils reviennent samedi porchain pour une rencontre que j'appelle de mes vœux depuis deux ans ,comme quoi tout aboutit ...