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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 16:02

voici la suite,la bousculade des évenements ,rendait inconvenant de continuer comme si de rien n'était

par ailleurs ,je n'ai pas la sensation que ce feuileton vous amuse et si cela ne vous amuse pas ....

UN BOSS BON A RIEN : N°3

 En quelques jours le rituel s’était installé, il se servait une ration de breuvage dans la cafetière et quand c’était samedi soir, Ernst y rajoutait une dose d’alcool blanc distillé, entre prune et cerise qu’il lui aurait été formellement impossible de boire pure

le vieil homme parlait de façon saccadée ,parfois brutale ce qui le déstabilisait et il mit du temps a comprendre qu’il ne fallait donner d’importance a ce phrasé si particulier

Les premiers jours c’est autour de la filature que se nourrit leur conversation, en mitraillette péremptoire ,la mémoire ressortait bien des faits qu’aucune archive ne recelait ,l’homme avait tout connu y compris la guerre dont l’évocation éteignait la braise de ses yeux, le faisait disparaitre un peu plus dans son fauteuil

il lui jura qu’il se souvenait comme si c’était hier, de ces berlinois en chemises sombres qui avaient envahi l’hôtel ,bien avant la guerre, et qui avaient par leurs commandes assuré l’avenir de la filature pendant des années ,des hommes bruyants ,gesticulants ,cassants, accompagnés des dessinateurs de modes

Friedrich s’était promis de fouiller un peu plus et de confirmer si, effectivement, une commande massive et durable était une des clés du succès florissant de la filature

,ce qui l’impressionnait c’était cette sorte de pointillisme mental qui par touches, par taches lui révélait des décors ,des rapports humains

a la lumière des flammes c’est Rothenburg qui revivait ,l’histoire qui se dessinait en ombre chinoise dans le crépitement du bois

il arrivait un moment où Ernst s’arrêtait comme épuisé, pompé ,vidé ,comme si ce qu’il avait a dire pour aujourd’hui était terminé ,comme s’il fallait recharger des batteries mentales ,il plongeait dans une sorte de mélancolie ,après un temps respectueux frederich se levait ,remerciait, saluait et montait l’escalier

ces plages hors du temps près de l’âtre duraient parfois deux heures, parfois plus et il fallait qu’il se précipite sur son petit carnet pour tout noter et en oublier le moins possible ,

dès que les jours furent meilleurs ,il prit l’habitude ,d’ouvrir la fenêtre malgré la fraicheur ,pour entendre gronder la rivière tauber en contrebas, plus ce dialogue teinté de monologue durait, plus il avait hâte que la journée se termine afin de poursuivre cette exploration temporelle

désormais il emportait de l’estaminet des kasspatzle qu’Ernst engloutissait sans cacher son plaisir, les soirées succédaient aux soirées ,sans que jamais ne fut évoquée l’enfance d’Ernst tout juste des anecdotes sur les chevaux de traits sur lesquels sont grand père le hissait et aussi la période de disette des années 30 où,enfant il courrait cueillir en forêt tout ce qu’il était possible de manger, où son père comme tous les hommes du village braconnait ,où l’avenir était gris comme la suie et où seule la filature nourrissait la population

Une seule fois, il évoqua les juifs de cette époque, pour lui expliquer qu’a Rothenburg, il n’y en avait pas

UN BOSS BON A RIEN : N°3
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Published by Christian SCHOETTL