rothenburg lui rappelait le quartier juif de prague qu’il avait visité une fois, des ruelles a voir surgir le golem,un temps arrêté ,un moyen âge si présent qu’il pouvait en être oppressant bien que la ville fut magnifique
il n’aurait pu s’offrir les hôtels douillets du centre ville,ou le confort régnait en maitre ,où le bois était blond ,ciré ,patiné ,les lits profonds et les couettes en duvet d’oie dignes de la tradition bavaroise
il logeait simplement dans un compromis entre la pension de famille et l’hôtel de voyageurs, son statut de locataire pendant deux mois lui avait permis d’obtenir une chambre plutôt spacieuse donnant sur la tauber ,bien sûr, tout y était vétuste, désuet au point que l’on pouvait y trouver du charme, le parquet de chêne ne voyait plus depuis longtemps de paille de fer lui patiner les veines et avait quelque peu noirci ce qui ne l’empêchait pas de craquer, ce qui transformait toute incursion nocturne vers les lieux d’aisance en aventure périlleuse et en information collective
a partir de 21 heures, c’était Ernst qui gardiennait l’entrée, un vieil homme a la barbe irrégulière, aux yeux bleus comme ces lacs de montagne, la peau de ses joues était grêlée de petits grains de beauté qui comme des galets disparaissaient sous l’écume de sa barbe
.Ernst passait sa nuit-là a veiller dans la grande entrée, une cheminée imposante occupait le fond et il y allumait un feu dès 20 h30 s’asseyait dans un fauteuil au rouge passé devenu presque rose ,mâtiné de zones d’usures ,comme des cheveux blancs témoignant de l’âge vénérable, deux coussins devenues galettes étaient venus compenser l’effondrement de l’assise,
Ernst y disparaissait un peu englouti entre les deux accoudoirs ronds ,le regard perdu dans les flammes qui s’agitaient dans l’âtre, posé sur un trépied en fer ,une cafetière en tôle réchauffait sans cesse un boisson sombre que d’aucun aurait pu estimer que cela ressemblait au café et dont il échappait un odeur aigrelette
Friederich était un rares clients, de temps a autres un représentant de commerce passait une nuit et parfois encore une famille en route pour Nuremberg faisait une brève étape nocturne, aussi Ernst avait capitalisé sur ce petit gratte papier si régulier dans ses habitudes et si discret au quotidien
Un jour, il avait désigné du menton, a Friedrich, un tabouret de bois face au fauteuil rouge appuyé contre un montant de la cheminée et tendu une gamelle comme celle des rations de l’armée emplie du liquide noirâtre, une sorte de passage initiatique
Chaque soir qu’il poussait la porte, il avait la sensation qu’ernst avait la nuque plus raide que de normal ,le regard volontairement tourné vers le feu pour ne pas montrer qu’il l’attendait, sans doute ses pas sur le pavé ,l’ombre formée grâce aux réverbères mais nul doute qu’il était guetté