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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 17:39
un boss bon à rien  N°1

encore une fois tout est imaginaire dans cet essai de nouvelle

 

FRIEDeRICH repris Wilhelm strass pour regagner son hôtel, voilà deux mois qu’il faisait ce chemin entre la filature et son logis, il achevait le travail qu’on lui avait commandé : une histoire de cette entreprise familiale crée il y a cent cinquante ans .

Il avait fait sa spécialité de ces sagas qui flattaient le petit fils ou arrière petit fils des créateurs de ces aventures humaines et industrielles. Un compromis permanent entre la réalité, la cruauté parfois et puis de réels succès dus a des visionnaires, a des volontés farouches ou à un opportunisme clairvoyant

Cette épopée industrialo-familiale notabilisait, anoblissait les héritiers souvent avides de reconnaissance, flattait l’égo mais permettait aussi la promotion de l’entreprise, tirées entre 200 et 5000 exemplaires ,ces opuscules assuraient a friederich sa subsistance mais aussi lui permettaient d’emmagasiner bien des tranches de vies , des portraits communs et hors du communs

il réservait tout cela dans de petits carnets pour le jour où il se lancerait dans la grande aventure ,d’écrire pour lui ,pour développer son univers propre pour ne plus servir ,mais se présenter a la lumière

Certes il avait bien ébauché des débuts de romans, comme d’autres taillent dans la jungle une esquisse de chemin, il y revenait parfois, mais les commandes qui lui étaient faites constituaient l’urgence au risque de ne plus être mobilisé que par elles, sans savoir véritablement si cela n’était pas un prétexte pour éviter de se confronter avec lui-même et a la page blanche

Voilà plus de deux mois qu’il alimentait ses poumons avec la poussière des archives de cette petite filature perdue en Bavière et pourtant berceau d’une belle réussite industrielle

deux mois qu’il faisait le chemin entre son petit hôtel et la société, deux mois que ,rat de bibliothèques ,il disparaissait peu a peu dans le paysage ,arrivé a l’hiver ,il avait vu le printemps gagner le combat ,les rues grasses de neige s’éclairer a la lumière des géraniums

 

un boss bon à rien  N°1

Chaque soir avant de regagner sa chambre, il s’arrêtait souper pour un prix modique d’un plat de Kässpätzle …

il aimait à retrouver sa table, celle qu’il avait choisi le premier jour, rassuré qu’il était d’être reconnu par un grand gars moustachu qui astiquait son comptoir tout en distribuant ses bocs débordant d’une bière ambrée et un peu amère

Blotti a sa place, il assistait au spectacle de ces hommes qui parlaient fort en espérant que des femmes a la peau atone accoudées au comptoir les remarquent, peu de femmes en réalité mais celles qui y étaient avaient par leur rareté, un charme que personne ne leur aurait reconnu dans la rue.

Friedrich prenait des notes, souffrait parfois de ce qu’il entendait et de ces piliers de comptoirs qui affichaient la haine de l’autre et surtout de l’étranger, les vieux démons étaient encore jeunes, vivaces, dévorants comme si l’horreur de l’holocauste et des chairs meurtries n’était pas parvenue jusqu’ici

Combien de fois avait-il cherché a puiser au fond de lui-même le courage pour se lever et tenter de faire taire ces torrents de violence, sans jamais le faire par crainte et par certitude que la raison ne vient pas a bout de la bête

Dans ces moment-là , il souffrait des regards qu’il échangeait avec d’autres clients attablés, honteux collectivement de leur silence ,du coup, complicité qu’ils opposaient a l’insupportable

a peine la dernière bouchée avalée ,il payait son écot ,sans s’éterniser ,la nuit avait allumé les réverbères et il emportait avec lui, les odeurs d’huile trop cuite, la fumée du tabac ,et relents de bière renversée, il lui fallait ,a peine dix minutes pour rejoindre son hôtel au bord de la rivière......

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Published by Christian SCHOETTL