les jours se suivent et se ressemblent comme des rappels a l'ordre pour nous tous que notre vie est magnifique et lumineuse
ce matin ,on l'appelera séraphine est venue frapper au portail d'un pavillon ,elle avait soif ,elle avait faim,elle a bu ,elle a mangé
,c'est un être décharné aux yeux un peu fous,sans age, si ce n'est celui de la souffrance,elle est restée prostrée là sans que l'on puisse obtenir d'explications
un temps ,on a pensé que comme miloud ,elle était arrivée par la station de l'autoroute dans la soute d'un camion venue du sud ,sud ,sud
j'étais du coté d'evry et j'ai fait route vers notre village pensant que nous allions mettre en place le protocole habituel : d'abord se poser au calme,nourrir ,détendre et puis parler d'avenir sereinement
sauf que quand je suis arrivé les gendarmes étaient déja là et pour le coup tant mieux,car leur réflexe a été meilleur que le notre
quelques coups de fils et le fait que séraphine a pris la poudre d'escampette de l'hopital de bligny soignée pour une maladie tropicale contagieuse....
elle est là ,pieds nus,sur le bord du trottoir ,elle a uriné sur elle,elle nous regarde avec ses yeux qui roulent ,c'est un moment terrible que de ne pas pouvoir approcher ,de ne pas pouvoir tapoter une épaule,de craindre qu'elle parte en courant et que tout contact physique constitue un risque
on aimerait savoir son chemin qui l'a conduit de l'afrique a cet hopital perdu dans la campagne,seul bligny peut la prendre en charge et la ramener dans ses murs
nous sommes plantés comme des chandelles,les gendarmes font preuve d'humanité ,ne cessent d'aller lui parler,d'essayer de la rassurer
la camionette de bligny est arrivée avec un chauffeur ganté,des sieges protégés ,ce petit être malingre a grimpé ,la porte s'est refermée....
fin de l'épisode pour nous, pas de cette longue nuit pour elle
goutons nos bonheurs permanents et moquons nous de nos petites miséres