En France ,on aime la langue française ,mais on aime surtout les cases et les étiquettes ,
si t’es de droite ,tu as droit aux mots : ordre ,sécurité ,dividendes ,etc si tu es de gauche c’est plutôt intergénérationnel, multiculturel ,répression etc ….. caricature ? pas vraiment
en fait ,c’est rassurant, les mots sont comme les soldats de plomb et chacun joue a la guerre avec son armée ,
alors bien sur ,interdit de toucher aux mots des autres ,ils sont devenus la propriété intellectuelle d’une tribu et si tu l’utilises, c’est que tu te prépares a faire une alliance
les mots comme des symboles d'appartenance tribale
je suis de ceux qui ,par exemple ,n’ont jamais supporté que le front national nous pique jeanne d’arc : malheur a celui qui ferait référence a jeanne d’arc ,il serait taxé de lepeniste !
de l’autre coté de l’échiquier, impossible de toucher a manoukian et a l’affiche rouge, propriété intellectuelle et inaliénable du parti communiste ,bref les mots identifient et les symboles plus ou moins légitimes aussi ,
du coup on s’arrache jean moulin !
alors qu’un mot appartient a tout le monde , sa signification n’est surtout la même pour tout le monde
ce fameux mot de submersion, a l’assemblée nationale par exemple ,comme la submersion marine … lepen que nous vivons et qui ne semble pas prête de refluer, si l’on continue a s’y prendre ainsi, a tout instrumentaliser
je pensais que, dans la vie, tout était équilibre ,et que la submersion était non pas un partage, mais noyer un univers ,l’Atlantide en quelque sorte
alors ,bien sûr, on ne « lit » pas le mot submersion de la même manière , si on habite le 7° arrondissement ,si on est un « intellectuel » ,si on est un cadre supérieur qui « passe sa vie en l’air », si on est un « humaniste » ou si on habite Mayotte ou que l’on assiste a une prière de rue un peu copieuse qui bloque la circulation
de la même manière que la fameuse submersion est vécue comme une réalité fantasmée par certaines zones moins peuplées de notre pays, qui n’ont jamais vu un étranger, sinon un touriste anglais dans leurs rues et qui pourtant tremblent face la menace et votent les yeux fermés par la peur
ajoutez a cela que l’ »ennemi de l’extérieur » est quand même très confortable et voilà que le déséquilibre vécu dans certains quartiers où ,la mayonnaise que constitue notre peuple si métissé, tourne au vinaigre
l’exercice complexe de l’harmonie ,du vivre ensembles était condamné a l’échec du jour où les villes nouvelles ,les « cités » sont venues enfermer dans ces ghettos une population qui ne demandait qu’a s’intégrer,
car dès l'origine ces "cités" ont constitué un refus ,un rejet ,un apartheid non affiché : Paris a toujours été le champion pour rejeter par derrière ses "barrières tout ce qui n'était "beautiful people"
de ce jour ,nous avons mis en place toutes les recettes pour que les communautarismes prospèrent ,on les a nourri abondamment et au lieu de s’enrichir mutuellement les antagonismes sont nés
a tel point que le problème est plus identifiable sur la troisième génération qui ,faute d’une identité nationale, que nous avons gommé avec ardeur, par la suppression du service militaire et autres symboles considérés comme honteux ,voilà que toute une jeunesse a la recherche d’une identité s’en trouve une …ailleurs
et voilà que le mot submersion fait ses ravages
ne perdons pas la mémoire ,la « submersion « des pieds noirs en son temps en corse ou ailleurs ,si elle n’était pas une réalité, a été vécu ainsi
,je me souviens d’un déjeuner où une conne voulant faire rire ,je suppose ,a dit « je ne vais plus a Deauville, tous les juifs pieds noirs y sont et l’ont colonisé » mon épouse lui a répondu que, bien que juive et pied noir ,elle n’y allait pas et on a eu droit « mais je ne disais pas ca pour cela ,d’ailleurs mon meilleur ami est juif »
Ce qui est dommage et qui creuse notre tombe ,c’est que ces beaux messieurs des beaux quartiers, ces intellectuels puissants sont dans le déni ,peu importe le mot ,peu importe même la réalité ,un certain nombre de concitoyens adhérent au mot submersion ,ils le vivent de façon fantasmée ou pas dans leur chair
depuis des années des salopards surfent sur cette vague, tandis que, depuis des années, les « bienpensants » considèrent ces français comme des …cons qui ne comprennent rien et qui ne réfléchissent pas ,sauf qu'ils votent
depuis des années les pires des pires prospèrent sur ce terreau car la classe politique se pince le nez, méprise ,passe outre
A mes yeux, bien ridicule de sataniser un mot et d’éviter ainsi d’assumer que ce mot fait écho au cœur de bien des français, c'est ce qui a porté des dizaines de députés a l’assemblée nationale ,
c’est ce refus d’entendre cette lâcheté intellectuelle irraisonnée qui est condamnable et si les mots font peur ,il faut s'interroger pourquoi
si un de vos enfants vous dit , »j’ai peur d'un monstre la nuit » allez-vous traiter cela par le mépris ,pire, lui dire qu’il est un imbécile ? allez vous vous-même lui répondre de façon rationnelle et docte, juste qu'il arrête de vous emmerder car les monstres cela n'existe pas ? ou tenter de vous mettre dans sa peau avec ses mots et son vécu ?
Alors n’ayons pas peur des mots, mais des maux
n’instrumentalisons pas tout et ne nous ne baugeons pas dans un spectacle aux rôles pre définis ,l’urgence bleue marine se gondole pendant ce temps là a nous voir empêtrées dans une politique hors sol, déconnectée
je découvre bayrou mauvais tribun, voir a la limite de l'insolence méchante et prétentieuse , néanmoins je revendique l'impérieuse obligation de la liberté des mots et si certains de nos concitoyens le vivent ainsi, ne pas mettre la poussière sous le tapis ,car ,avec les années, on voit le résultat
un diagnostic posé ne signifie pas que l'on soit d'accord sur le traitement ,et le diagnostic n'est pas, a mes yeux, l'immigration mais la façon dont elle est perçue par beaucoup de nos concitoyens
pendant que certains jouent les vierges effarouchées face a un mot certains surfent dessus pendant que d'autres se noient en méditerranée